OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Christian Vanneste contre les branleurs du net http://owni.fr/2011/07/07/vanneste-porn-bullshit-loi-internet/ http://owni.fr/2011/07/07/vanneste-porn-bullshit-loi-internet/#comments Thu, 07 Jul 2011 13:55:55 +0000 Olivier Tesquet http://owni.fr/?p=73012 Mise à jour du 8 juillet: Puisque Christian Vanneste n’a pas le monopole de l’indignation, soulignons également l’initiative du très familial Reader’s Digest, qui veut protéger les enfants contre les cohortes de pédophiles déferlant sur Internet. Pour ce faire, ils ont même concocté un joli bouton que nous apposons ici:

Internet, c’est ça? Ou bien ça? Ou peut-être ça? Si vous voulez vous rincer l’oeil en déroulant du sopalin profitez-en, parce que ça ne durera peut-être pas. Christian Vanneste, le député UMP du Nord, vient de déposer une proposition de loi visant à circonscrire l’accès des mineurs aux sites pornographiques. “La pornographie, sans limite, envahit les foyers par le moyen d’internet et s’insère de manière pernicieuse dans la vie de nombreux jeunes”, écrit Vanneste, dont la plume virevoltante semble être portée par “le courage du bon sens”, la devise qu’il affiche fièrement sur la bannière de son blog.

Armé de sa morale, le truculent parlementaire n’en est pas à son coup d’essai. En 2007, déjà, il demandait au ministère de la Justice quelles mesures il comptait prendre pour “protéger les mineurs contre la pornographie”. A l’époque, le garde des sceaux lui répondait poliment que le cadre légal était a priori suffisant pour préserver les chères têtes blondes de la nation du stupre en streaming.

Cette fois-ci, Vanneste va plus loin et demande carrément d’amender la loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure, la fameuse Loppsi 2. Il voudrait ainsi que les sites pornographiques soient fermés par défaut, et que chaque internaute souhaitant accéder à leur contenu en fasse la demande auprès de son fournisseur d’accès. Ce qui déboucherait sur des courriers du type:

Cher service client, par la présente missive, je soussigné Olivier Tesquet, abonné n° 123456, certifie être majeur et vacciné, et demande l’autorisation de me divertir sur le site http://youporn.com. Merci de faire explicitement figurer cette information sur ma facture détaillée.

Pornographie = terrorisme

Sur le fond, Vanneste adapte une idée chère à Eugene Kaspersky, le leader russe de la sécurité informatique: la création d’un passeport numérique qui obligerait l’internaute à s’identifier avant d’accéder à un contenu. Pour mieux porter son projet, Vanneste a même mis en ligne une pétition. Celle-ci regroupe déjà plus de 750 signataires, pour qui la pénétration du Net ne doit pas passer par les enfants. Morceau choisi:

Il y a évidemment un lien entre la violence au collège ou au lycée et ce que les ados regardent sur leurs écrans. Quand protègera-t-on enfin efficacement nos enfants contre la pronographie (sic) qui fait des ravages aussi chez les adultes, dans les couples, dans les familles ? Cessons d’être laxistes, attaquons le mal à la racine ! Mettre en place des cellules psy après le meurtre ou le viol d’une mineure par un mineur me semble tout à fait insuffisant. Chers dirigeants, ayez le courage de prendre des mesures efficaces à l’encontre de cette forme de terrorisme qu’est la pornographie. D’avance, merci !

Même si les forces spéciales américaines ont retrouvé des vidéos olé-olé dans le repaire pakistanais d’Oussama Ben Laden, le lien entre le sexe et la sécurité nationale ne saute pas aux yeux, sauf à mettre en place un plan Vigipirate du cul qui ne passerait jamais au rouge. Surtout, et c’est toute l’ironie de l’affaire, Christian Vanneste attaque Internet dans son principe de neutralité. C’est maladroit, parce que Christian Vanneste aime profondément Internet. Il lui permet d’afficher ses opinions au nom de la liberté d’expression: homophobie assumée, plaidoyer pour la peine de mort et – donc – diabolisation de la pornographie. Le souci, c’est qu’il a visiblement une idée bien personnelle du réseau. A le lire, c’est la quatrième dimension, un monde parallèle à la Tron dans lequel l’internaute-machine porterait une combinaison en aluminium et des bottes en kevlar:

Internet représente un moyen de communication permettant d’avoir accès à un nombre d’informations quasi illimité à domicile. C’est donc la porte ouverte à toutes les réalités du monde représentées de manière virtuelle. Mais contrairement au monde réel, l’accès aux informations ne nécessite pas de démarches personnelles concrètes, longues, progressives et réfléchies. Tout s’y passe dans l’immédiat, dans la facilité, dans l’exhibition. La publicité y advient de manière intempestive à l’image de toute autre forme de promotion.

Pour sortir l’ami Vanneste des années 90, rien de tel qu’une petite profession de foi. Internet is for P0rn.


Crédits photo: Capture d’écran Youporn pixelisée sous Photoshop

]]>
http://owni.fr/2011/07/07/vanneste-porn-bullshit-loi-internet/feed/ 50
Le SDIG aurait demandé d’annuler un twapéro de… six personnes http://owni.fr/2011/01/25/la-sdig-aurait-demande-dannuler-un-twapero-de-six-personnes/ http://owni.fr/2011/01/25/la-sdig-aurait-demande-dannuler-un-twapero-de-six-personnes/#comments Tue, 25 Jan 2011 17:11:46 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=43891

L’Internet rend fou et cette anecdote nous conforte dans notre opinion : dans un excès de zèle, le SDIG (ex-RG) a convoqué Flavien, un étudiant de Valenciennes, pour lui demander d’annuler un twapéro de… six personnes organisé ce vendredi dans un bar, le premier dans la petite ville de province. Devant le peu de personnes prévues, ce dangereux “accro aux Rails de Code” n’avait même pas pris la peine de signaler la chose au gérant de l’établissement.

/!\ TWAPÉRO ANNULÉ /!\

Suite à des soucis de « sécurité », on nous a demandé d’annuler l’événement. Vous nous en voyez les premiers désolés…

Flavien a d’abord été appelé hier par un homme qui s’est présenté comme étant des RG pour lui indiquer qu’il souhaitait faire le point sur la sécurité à propos de cet événement. Le rendez-vous aura lieu ce mardi matin dans leur service place d’Armes, en centre-ville, dans l’immeuble de la Banque de France. Là un homme lui explique “que ce n’était pas terrible au niveau de la sécurité, qu’il pouvait en fait y avoir plein de monde.” Flavien a beau lui dire que les participants sont en nombre restreint et qu’il a déjà organisé des concerts, sans connaître de soucis, peu importe : “Il m’ont demandé de prévenir les participants que l’événement était annulé et qu’il aurait lieu entre nous, mais pas dans un bar.” C’est du moins sa version.

Sont-ils prêts à assumer les conséquences de trouble à l’ordre civil ?

Contactée, le SDIG (en l’occurrence un homme qui a refusé de donner son nom mais m’a demandé, un peu agressif, le mien) confirme avoir rencontré “l’organisateur pour faire un point sur la sécurité de l’événement : le nombre d’encadrants, s’ils étaient assurés, prêts à assumer les conséquences de troubles à l’ordre civilC’est une démarche courante lorsqu’il y a des rassemblements, qu’ils soient festifs ou contestataires.” En revanche, le SDIG nie avoir demandé l’annulation de l’événement : “Absolument pas, c’est eux qui ont décidé d’annuler.” Enfin selon Flavien, son interlocuteur “n’a pas apprécié que je lui dise que j’allais quand même organiser un twapéro dans un autre bar en prévenant le gérant.” En principe, ce devrait être la semaine prochaine. D’ici là, la sous-préfecture pourrait lui envoyer une lettre, lui a indiqué l’officier de la SDIG.

Avant lui, Romain, un des participants, a aussi eu droit a un petit entretien. Si l’agent du SDIG ne lui a pas demandé d’annuler, son discours était pour le moins dissuasif : “Il m’a bien intimidé pour me pousser à annuler. Il insistait sur les risques : on ne connait pas les gens, il y aura de l’alcool. Il nous aussi dit que comme c’était un événement public, nous aurions dû prévenir la sous-préfecture.” Voyant que ces arguments ne touchaient pas son interlocuteur, Romain a fait mine d’envisager la possibilité d’annuler, histoire ne pas passer la journée dans ce bureau. Pour anecdote, un personnel de la faculté où il étudie est venu le prévenir en cours pour lui dire que le SDIG souhaitait lui parler.

Interrogé sur cet excès de zèle dont l’origine ne fait aucun doute – on ne dira jamais tous les dégâts causés par les apéros Facebook et pas uniquement sur le temps de cerveau disponible de Mme Michu-, l’officier a justifié leur action : “officiellement, il n’y a que six personnes mais on ne peut pas savoir avant l’événement même. Oui, c’est le genre d’événement qui attire l’attention. Le problème (sic) quand on organise ce genre d’événement, c’est qu’il y a des éléments qu’on ne prend pas en compte.”

Contacté, le gérant du bar-brasserie “Au Bureau” où devait avoir lieu la réunion a indiqué qu’un lieutenant de police était venu le voir le mettre au courant de twapéro et l’a prévenu des éventuels débordements. “Ça nous a fait un peu peur, explique Christian, avec tous ces apéros Facebook qui sont partis en vrille. C’est normal qu’ils nous avertissent, avec les événements qui sont lancés sur un site, Facebook ou autre, il faut être vigilant. Nous sommes un établissement sans problème, je ne suis pas contre mais on aurait voulu être averti.” Christian, qui ne connaissait pas le principe du twapéro, a  du coup, fait sa petite enquête, et il est alors tombé sur la page twapéro Valenciennes, sur Twunch. Il a ensuite contacté Flavien pour avoir des renseignements et les deux protagonistes involontaires de cette histoire ubuesque vont peut-être se rencontrer dimanche.

On aimerait que les comices agricoles et la Fête de la Musique bénéficient d’autant d’attention de la part du SDIG. On le félicitera néanmoins sur ce coup : mettre la main sur un twapéro de six personnes, quelle finesse de tamis… : “Le Twunch de Cannes tourne au drame” :

Avant même que nous puissions entrer dans le fast-food, l’un d’entre nous fut interpellé par un agent de sécurité.

- Monsieur, je suis désolé, mais vous ne pouvez pas entrer comme ça. Votre tenue n’est pas adaptée.

Très vite, le Twittos agacé lui répondit du tac-o-tac :

-Ah ouais ? Tu sais qui je suis ? Je suis un Twittos influent, et si tu ne me laisses pas entrer, tu vas avoir mes 74 followers qui vont venir te péter la gueule. Maintenant barre-toi de là, et laisse-moi grailler tranquille.

Le Twittos cannois n’avait pas compris qu’il s’agissait là d’une caméra cachée, et le videur, vexé prit à son tour la chose au premier degré.

-Quoi?  Tu te la racontes avec tes 74 followers ? Appelle-les vite, parce que dans 2 minutes, ce sont mes 253 amis sur Facebook, qui vont récamper [ndlr: "rappliquer" en provençal] ! Petite Lopette !

Merci à @nkgl pour le ping :-)
Image CC Flickr glennharper

MAJ : le 26 janvier à 18 h 40 après entretien avec Romain.

]]>
http://owni.fr/2011/01/25/la-sdig-aurait-demande-dannuler-un-twapero-de-six-personnes/feed/ 14
Tu seras Community Manager (en agence), mon fils http://owni.fr/2010/10/27/tu-seras-community-manager-en-agence-mon-fils/ http://owni.fr/2010/10/27/tu-seras-community-manager-en-agence-mon-fils/#comments Wed, 27 Oct 2010 07:27:19 +0000 CM anonyme http://owni.fr/?p=33611

[Préambule de Cyroul au billet, qu'il a accueilli sur son blog] Voilà un article écrit par un CM qui a décidé de ne pas dévoiler son nom pour des raisons professionnelles. Il ne s’agit pas du même anonyme que pour l’article sur le digital, paillasson de la publicité ; ici nous explorons le monde formidable des Community Managers en agence de pub. Car ce n’est pas facile d’être blogueur et Community Manager dans un monde où la marge est reine, et où le respect de ses clients n’existe pas vraiment. Mais je laisse la parole au Community Manager Anonyme qui vous racontera ça mieux que moi.
PS : si vous avez des remarques à faire au CM anonyme, faites-les en commentaire, ou envoyez-les moi et je transmettrai.


Article imaginaire et je l’espère un petit peu drôle, tiré d’une agence imaginaire avec des protagonistes imaginaires, et avec un procédé honteusement inspiré de Maître Eolas et de son stagiaire, ce qui n’est que pure admiration de ma part.

Dans cette Agence, ils vendent du Community Management à leurs clients

Dans cette Agence, ils vendent du Community Management à leurs clients, parce qu’ils veulent tous une page Facebook et un compte Twitter, ou bien parce qu’un des commerciaux les aura convaincus qu’il fallait y aller avant leurs concurrents. Du coup ils recrutent toujours de nouveaux stagiaires pour animer ces pages, parce que, avouons-le, cela ne coûte pas grand-chose, et cela leur permet de marger dessus.

Un lundi, un Account Manager Social Media Consultant Confirmé accueille un nouveau stagiaire, sympa, frais, disponible, souriant, avec un tee-shirt de geek acheté sur Internet. Il doit donc le former et commence à lui expliquer sa mission en tant que Community Manager. Dans l’agence, son titre c’est Assistant Account Manager Social Media, mais Community Manager reste plus sexy pour l’extérieur. Lui est heureux et enthousiaste d’être devenu CM, métier qui fait bien dans sa bio Twitter s’il en est.

“Aujourd’hui on va ouvrir une page fan sur Facebook pour notre client, et tu vas t’en charger”

« Bon, mon petit, aujourd’hui on va ouvrir une page fan sur Facebook pour notre client, donc tu vas t’en charger. L’image d’avatar et les textes d’intro sont sur le serveur, c’est l’ancien stagiaire qui t’a préparé ça, mais pour la prochaine page que tu gèreras, tu devras le faire toi-même. »

Il part s’exécuter, guilleret, le cœur léger, heureux d’avoir ses premières attributions de Community Manager. Il revient ensuite vers son manager :

« Dis, comment je fais pour avoir des fans maintenant ?
- Ah, mais c’est tout simple ! Il suffit d’inviter tous tes amis !
- Mais en quoi mes amis sont tous intéressés par des pièces détachées de voiture ? Ils n’ont pas le permis pour la plupart…
- Tu te souviens de ton entretien ?
- Euh… Voui…
- Je t’ai demandé si tu étais blogueur tu te souviens ?
- Oui mais c’était pour savoir si je connais bien les médias sociaux !
- Mais non on s’en fout de ça, tout le monde est un expert en médias sociaux aujourd’hui, il suffit de lire les articles de liste qu’on voit tourner sur Twitter tous les jours. La réalité, c’est que comme tu es blogueur, tu as des amis blogueurs, donc tu vas les inviter à devenir fans de la page et comme ils sont influents, des gens de leur réseau, ceux qu’ils influencent tous les jours vont devenir fans.
- Mais je ne vois pas pourquoi ils accepteraient s’ils ne connaissent pas le produit…
- Mais parce que bientôt toi aussi tu vas recevoir des invitations à devenir fan de tout et n’importe quoi sur Facebook, de la part de tes potes blogueurs, tu crois que tu es le seul Community Manager de la place ?
- Mais c’est artificiel comme procédé non ? En quoi ça apporte quelque chose à la marque d’avoir des fans qui s’en foutent du produit ?
- Tu comprends rien toi, ce sont des influenceurs, on va créer le buzz ! »

Quelques semaines plus tard, le département social media de l’agence reçoit un brief

Quelques semaines plus tard, le département social media de l’agence reçoit un brief pour une nouvelle gamme de yaourt. Le client veut des ambassadeurs pour « promouvoir sa marque sur les médias sociaux ». L’Account Manager Social Media Consultant Confirmé décide de confier cette reco à son stagiaire et lui indique la marche à suivre.

« Bon alors une stratégie d’ambassadeurs ce n’est pas compliqué, on va faire une chouette soirée et inviter des blogueurs. Du coup ils vont en parler sur leur blog et on enverra les liens au client.»

Devenez fan du yaourt au lait de brebis bio des Pyrénées Gisèle et Raymonde.

Ce sont les aléas de la vie d’agence, mais après la présentation de la reco du stagiaire par les bons soins de l’Account Manager Social Media Consultant Confirmé, le client annonce qu’il n’a pas le budget pour une soirée. Forcément, ils lui ont expliqué qu’il n’aurait personne s’il n’y avait pas un peu d’alcool à boire et des sushis à picorer, pas uniquement du yaourt aux fruits à manger avec du yaourt liquide à picoler.

L’Account Manager Social Media Consultant Confirmé explique donc à son stagiaire la marche à suivre pour quand même prendre le budget.

“On va en faire cadeau aux blogueurs pour qu’ils en parlent”

« Bon ce qu’on va faire, comme ils ont du yaourt à revendre, on va en faire cadeau aux blogueurs pour qu’ils en parlent.
- Ils vont faire un billet pour une boîte de yaourt ? T’es sûr ?
- Oui, bon tu as raison, on va leur dire qu’on en a plus et qu’ils peuvent en faire cadeau à leurs lecteurs.
- Cadeau aux lecteurs ?
- Ouais en faisant un concours, c’est une vieille ruse de Community Manager, comme ça il y a plein de commentaires, car les lecteurs de blog adorent les cadeaux, et c’est bien ça, ça fait de la conversation, le client sera content.
- Mais ce n’est pas un peu du sponso déguisé ?
- Roh, t’es pénible, le sponso on paie les gens pour faire un billet, là on fait un cadeau c’est pas pareil.
- Ah. »

Si avec ça le blogueur z'influent vient pas causer de mon yaourt aux fruits...

Voyant qu’il n’était pas très à l’aise avec ce procédé, il décide de ne lui confier que la partie de propositions de blogs. Encore une fois, il revient vers lui :

« Dis, j’arrive pas à trouver beaucoup de blogs qui parlent de yaourt…
- Mais pourquoi tu cherches ça ? Non, je veux juste des blogueurs qui font beaucoup d’opérations blogueurs, ce sera facile à mettre en place. T’en as pas dans tes copains blogueurs ?
- Euh, non. Mais, des blogs qui font que des opés blogueurs, ils sont lus par des vrais lecteurs ?
- Oh, on gonfle un peu les stats pour le client, mais sinon bien sûr qu’ils sont lus, tu crois quoi ?
- Qu’il n’y a aucun intérêt à lire un blog qui ne parle que des marques qui prennent soin de lui ?

“Les blogueurs, ce sont des influenceurs, c’est pour ça que les marques leurs envoient des cadeaux”

- Écoute, je crois que tu comprends rien au métier, les blogueurs, ce sont des influenceurs, c’est pour ça que les marques leur envoient des cadeaux. Du coup ils parlent de la marque et tout le monde est gagnant : le lecteur qui est bien conseillé, le blogueur, qui est bien soigné, et la marque est bien promue avec des ambassadeurs et de la conversation. Notre but en tant qu’agence, c’est de nous constituer un pool de blogueurs qui viennent en priorité à nos événements et sont les ambassadeurs de nos clients.
- Mais à terme ça va se voir non ? Qu’on utilise toujours les mêmes vendus, et ni les marques, ni les blogueurs n’en sortiront gagnants… »

L’Account Manager Social Media Consultant Confirmé avait abusé du café ce jour là, plus que d’accoutumée et s’est exclamé :
« Continue de contester comme ça et je n’appuierai pas ton embauche en fin de stage. Et ouais, tu ne seras jamais Account Manager Social Media Junior ici ! »

Mal lui en a pris, le stagiaire n’est jamais revenu et il a dû écumer à nouveau tout Twitter pour en trouver un nouveau.

Billet initialement publié chez Cyroul

Image CC Flickr Graffiti Land, threefishsleeping et Premier Packaging

]]>
http://owni.fr/2010/10/27/tu-seras-community-manager-en-agence-mon-fils/feed/ 13
La guerre des néologismes, la défaite du sens http://owni.fr/2010/08/30/la-guerre-des-neologismes-la-defaite-du-sens/ http://owni.fr/2010/08/30/la-guerre-des-neologismes-la-defaite-du-sens/#comments Mon, 30 Aug 2010 15:06:23 +0000 Antoine Dupin http://owni.fr/?p=26522

NÉOLOGISME : un néologisme – du grec νέος : néos (« nouveau ») et λόγος : lógos (« parole ») – est le phénomène de création de nouveaux mots. (Wikipedia)

Web 2.0 , web squared, web 3.0, médias sociaux, podcast, crowdsourcing … que de nouveaux mots pour coller des étiquettes sur le vide abyssal qu’est devenu le grand dictionnaire du web. Que l’on prenne la radio ou la télévision, tout média subit des évolutions technologiques et sociétales au cour son existence. Cependant, Internet est le seul, ou j’ai loupé un wagon, à coller à tout va des terminologies ou des néologismes pour essayer de conceptualiser une évolution, qui plus est sans en chercher le sens premier (d’abord le terme, ensuite la définition). Comme si on appelait télévision 2.0 une télévision couleur en gros. Assez ridicule au final quand on réfléchit bien.

Le plus risible est la guerre que se livrent les gourous du web, ceux-là même qui collent les étiquettes. Ces derniers vont s’empresser de regrouper sous un terme un ensemble plus ou moins cohérent de ce qu’ils prennent comme évolution (technologie, social) , comme pour le web 2.0 par exemple, sans même réfléchir à de réelles définitions. Résultat, c’est guerre ouverte entre les spécialistes « non non ça définit ceci plutôt que cela ». La finalité de cette guerre, ou plutôt son objectif ? Vendre. Vendre du concept, vendre du produit, vendre des journaux, se faire connaître, rentrer dans le panthéons des gens qui font des néologismes et qui sont inscrit sur Wikipédia, sorte de Guiness du record du mot ayant le moins de sens.

Aujourd’hui, l’entreprise qui n’est pas « social media » est « has been ». Comment pourrait-on vendre un concept sans en apporter un terme qui claque ? Imaginez le communiquant proposant au PDG de réaliser une campagne internet. Ça sonne mieux de réaliser une campagne 2.0 non ? Vous avez compris, loin des aspirations de l’internaute moyen (qui au final s’en fiche complétement), la guerre des néologismes n’a de sens que parce qu’elle va permettre de définir un environnement sur lequel on va pouvoir communiquer ou débattre pour affirmer son expertise. Ce ne sont pas les informaticiens qui vont donner ce sens, ou même qui définissent, ce ne sont pas les sociologues, mais bien les marketeux, ou les journalistes. Il faut vendre du concept, point barre. Le web n’est qu’un produit, aux communicants de lui trouver un terme sexy ne datant pas de l’âge de pierre. Rappelez vous les Optic 2000, Sport 2000 et consort quand 2000 était encore associé au futur donc à quelque chose de « in ». Dites-vous qu’Internet, on a compris ce que c’était, il était de vendre du concept, quelque chose de plus alléchant. Quelque chose de social media …

Le néologisme brut : les journalistes s’éclatent aux deux sens du terme

Il y a quelque chose d’étonnant avec Internet et son absolue envie d’étiqueter des ensembles. Si l’on devait faire un parallèle avec un autre média, comme la télévision ou la radio, on constaterait qu’il n’y que sur la toile qu’il a fallu coller des néologismes.

Sur le petit écran, lorsque la couleur fait son apparition, lorsque le numérique débarque, lorsque les programmes deviennent interactifs, lorsque la poubelle envahit les ondes, on ne va pas inventer de nouvelles terminologies pour tenter de décrypter le tout. On parle de télévision couleur, de télévision numérique, de télé-réalité… à aucun moment on ne parle de télévision 2.0, de télévision squared… Pour expliquer des phénomènes concrets qui ne sont que des évolutions et non des révolutions au sens propre, on leur colle un attribut simple couplé à l’évolution qui finit par disparaitre (télévision + évolution). L’avénement du petit écran dans les foyers, avec un taux de plus en plus élevé tant en équipement qu’en temps passé devant ne donnera jamais envie aux marketeux de dire « bon on est entré dans la télé 3.0, avec des mutations sociales et technologiques ». Non, on a laissé passer le courant sous la bannière de la télévision toute simple et l’on a créé des contenus interactifs en conséquence. En ce sens, on devrait plus parler d’Internet social, tout simplement, puis dire aujourd’hui Internet, depuis le temps que l’on est dedans. L’Internet des débuts serait tout simple l’Internet statique, au même titre que la télé en noir et blanc, la transition entre statique et sociale serait l’Internet dynamique. Pas besoin d’aller plus loin. Mais ça fait pas genre on est d’accord.

Alors pourquoi devrions nous créer des néologismes à tout va sur Internet ? Comme je le disais, pour créer du concept dans une finalité de vente et d’expertise.

Par exemple, podcast est un néologisme créé en 2004 par Ben Hammersley, journaliste au Guardian (pod ramenant aux fameux iPod de chez Apple). Alors qu’est ce qu’un podcast ? Tout simplement un flux RSS audio ou vidéo, ou plus communément, un RSS 2, rien de neuf mais bien une évolution. Le RSS c’est ces fils de syndication de contenus qui vont permettre de suivre un blog par exemple  (inventés en 99 au passage). En fait, la première technologie RSS n’embarquait que les textes. Le RSS 2 les contenus vidéo ou audio. C’est incroyable de vouloir impérativement coller un néologisme, non, sur une si petite évolution ? Oui je sais, ça fait mieux, ça vend mieux. « T’écoute quoi là ? Bah un RSS 2… » Si vous allez sur un blog, par exemple, vous pourrez soit vous abonner au flux RSS soit au podcast… alors qu’ils sont exactement la même chose, l’un était audio ou vidéo et l’autre textuel. On devrait plus parler de flux RSS audio si l’on voulait bien le différencier, de là à créer un néologisme, il y a une marge. Bon, on a eu chaud, parce que l’auteur proposait aussi… Guerilla media, qui n’est pas sans rappeler le terme guerilla marketing, donc qui rejoint ce que j’évoquais avant entre la relation forte du néologisme et de son application en marketing.

Autre exemple, le crowdsourcing, ou approvisionnement par la foule. Inventé en 2006 par Jeff Howke, journaliste à Wire, cela signifie tout simplement que des gens vont participer à la réalisation d’un projet commun. Wikipedia définit ce terme : « le crowdsourcing consiste à utiliser la créativité, l’intelligence et le savoir-faire d’un grand nombre. » Comme on n’est pas à une dérive près, d’autres néologismes ont poussé, comme le blogsourcing ou le crowdfunding. À partir d’un néologisme, on va donc pouvoir segmenter un tout en ensembles. Le blog est un néologisme entre web et log (journal de bord en anglais) pour définir une nouvelle forme de site web. Cela ne suffisait pas, il fallait segmenter. Alors on a créer les vlogs, pour définir les blogs vidéos. Un peu ridicule à mon sens… mais bon passons.

Urbain II faisait déjà dans le crowdsourcing.

Car ces nouveaux concepts dont s’extasient les journalistes existent depuis longtemps. Dès lors que nous sommes organisés en sociétés, en tribus, nous créons du lien social. Les logiques que l’on retrouve sur Internet ont comme origines par conséquent l’aube de l’humanité, seule la technologie change ou améliore les processus. On peut se demander par exemple si les croisades ne sont pas un bel exemple de crowdsourcing. Lorsqu’en 1095, au concile de Clermont, le pape Urbain II demande aux pèlerins de partir en croisades, il fait appelle aux fidèles pour réaliser une action commune. N’est-on pas dans les mêmes logiques lorsque Facebook demande à ses utilisateurs de procéder à des traductions ? Si la finalité n’est pas la même, on s’adresse à un ensemble d’individus de toutes classes ou catégories appartenant à une communauté (chrétiens, facebookeurs) dans l’objectif de réaliser une action commune (prise de Jérusalem, traduction). Ces procédés existent depuis la nuit des temps, mais aujourd’hui il faut absolument que l’on leur colle une étiquette, avec un mot qui claque, crowdsourcing.

Enfin, on ne saurait parler de tous les néologismes tentant de naître mais qui au final ne prennent pas. Je n’ai pas d’exemple concret, mais en cherchant bien je pense que l’on peut en trouver masse.

Évidemment, certains autres ont du sens, car définissent quelque chose d’innovant lié à la technologie, comme la folksonomie reposant sur l’indexation et l’organisation de contenus par des mots clés (pour faire court)… Là je vois mal les chevaliers du temple définir leurs embarcations avec des petits bouts de papiers sur lesquels ils auraient inscrit des mots clés.

Web 1.0, web 1.5, web 2.0, web squared, web 3.0, médias sociaux et tous leurs potes

Bien, après les quelques néologismes évoqués plus haut, leur finalité, passons aux évolutions du web et notamment à la mise en place de définitions de phases complétement absurdes vous le verrez.

La terminologie web 2.0 a été inventé en 2003 par Dale Dougherty du cabinet O’Reilley, car il sentait qu’il se passait quelque chose, qu’on arrivait dans une nouvelle ère, un nouveau web. Perdu ou presque.

Très rapidement, après la naissance de ce terme,  il a fallu lui donné du sens, ça faisait tellement bien « 2.0 ». Car c’est bien un mot, mais c’est mieux avec une définition.

Ainsi, au tout début du web 2.0, en 2005, Fred Cavazza pond un article sur cette nouvelle « chose » pour en tirer cette conclusion qui restera célèbre :

Le web 2.0 c’est… enfin ça veut dire… ça… heu… ça désigne… bon OK je cale.

InternetActu, toujours en 2005 revient sur la simplicité de définir le web 2.0 par cette citation de Richard Marcus :

« Le web 2.0 est social, est ouvert (ou il le devrait), il vous laisse le contrôle de vos données, il mélange le global au local. Le web 2.0 correspond à de nouvelles interfaces – de nouvelles manières de rechercher et d’accéder au contenu. Le web 2.0 est une plateforme – et pas seulement pour que les développeurs créent des applications comme Gmail ou Flickr. Le web 2.0 est une plateforme prête à recevoir les éducateurs, les médias, la politique, les communautés, pour pratiquement chacun en fait !
[...] Le web 2.0 c’est tout cela et ne laissez personne vous dire que c’est l’une ou l’autre de ces définitions. Le web 2.0 parle des personnes, quand le web descend à eux.
»

Comme le rappelle le magazine dans son article, tout le monde voit midi à sa porte comme l’explique Pierre Mounier  : « On voit bien qu’il s’agit d’un même phénomène, mais aux multiples dimensions. Certains insistent sur la dimension technique, d’autre sur les pratiques éditoriales, d’autre encore sur la dimension sociologique. »

Il semble s’être passé quelque chose, un truc dément que tout le monde a pris pour une évolution, une révolution. Pourtant, comme le souligne Fred Cavazza toujours dans le même article, « En 10 ans, que s’est-il passé ? Pas grand chose ! Tout au plus les technologies sur lesquelles est fondé l’Internet (HTML, JS, GIF…) ont-elles légèrement évolué vers un cadre mieux défini, plus ouvert et plus standard (XHTML, CSS, DOM, PNG…). »

Bref, il fallait bien que quelqu’un dise que le web du début, c’était pas pareil que le web d’aujourd’hui (fortiche le gars). Et il fallait en trouver la raison. Alors on a schématisé à tout va, car personne n’arrivait à s’accorder sur le sens, pas même les inventeurs, et pour cela, on s’est appuyé sur une chose simple, définir le web 1.0 et le comparer. Une image vaut mieux que de longs discours. Ce qui donna lieu à de jolis schémas de ce type :

En gros, le web 2.0 c’est l’internaute qui prend le pouvoir, pourrait-on vulgariser. Pourtant, au travers des forums, l’internaute avait déjà la parole. 1996,  il existait déjà des réseaux sociaux (classmates) ou des wikis (1995) voir des blogs. Alors n’est ce pas plutôt plutôt l’accès massif au haut débit qui va bouleverser nos mentalités ? À notre taux d’équipement en ordinateurs ? À notre taux d’équipement en appareils numériques ?

Mais forcément, quand on avance un peu à l’aveuglette, comme pour un scénariste, il y a des failles. Il a fallu expliquer certains petits trucs qui n’allaient pas, qui ne collaient pas au schéma. Connaissez-vous les CMS ? Ce sont des sites Internet facilement administrables, qui ont réduit la notion de webmaster à celle de concepteur rédacteur (tout le monde n’ayant pas de bagage technique pouvant remplir un site). Ils sont arrivés juste avant le web 2.0. Savez-vous qu’ils correspondent à ce que l’on nomme web 1.5 (bah ouais, ils étaient dynamiques et pas socials, donc ni 1.0 ni 2.0).

D’après IDFR voici leur définition :

Ces sites Internet sont des sites entièrement dynamiques, dans le sens où le contenu du site est dans une base de données, totalement administrable par un webmaster sans notions HTML. Ces sites s’appuient donc sur les outils de gestion de contenu, aujourd’hui largement diffusés. Mais le fonctionnement général reste identique au web 1.0 : le webmaster du site (ou tout autre personne de la société qui édite le site) ajoute, modifie et supprime les contenus.

On crée le terme web 2.0 en disant « avant c’était statique et tout et tout » pour finalement se rendre compte que les CMS existaient. Il faut dès lors trouver un autre terme, alors on va appeler cela 1.5. N’est-ce pas ridicule ? Ce serait comme si des historiens disaient : « bon aujourd’hui on est dans une société 2.0, la préhistoire c’est méga 1.0 vu qu’on n’avait pas l’écriture. Par contre la révolution Gutenberg, c’est 1.5 vu qu’on va industrialiser les process d’écriture. Ah oui et les papyrus, ça doit être du 1.3 mais faudra vérifier, pas sûr que y avait que les scribes qui écrivaient ».

Pour définir une période, il faut en amont analyser les évolutions pour pouvoir exprimer et définir en quoi la nouvelle période est justement une révolution. Dans le cadre du web 2.0, la seule chose qui a été faite fut de dire « ça bouge, il se passe un truc on va appeler 2.0 ». On ne cherche pas plus loin, c’est l’euphorie générale avec ceux qui disent  « mais si le web 2.0 c’est extraordinaire, c’est un web social, avec des communautés et tout et tout » et ceux qui suivent sans vraiment savoir pourquoi. Pourtant, en 2007, le terme n’a plus la même saveur, car usé jusqu’à la moelle il faut innover. Alors naquirent les  « médias sociaux » qui en jetaient plus quand même. Même combat, impossible à dire vraiment ce qu’il en est, mais les étiquettes vous savez. Les définitions de ce terme sont longuement analysées par Fred Cavazza qui en donne sa propre version : « Les médias sociaux désignent un ensemble de services permettant de développer des conversations et des interactions sociales sur Internet ou en situation de mobilité. »

Ça me rappelle mon ancien appartement. Le bâtiment tombait en ruine alors quand une poutre s’est détachée du plafond et a failli décapiter mon voisin, les propriétaires ont décidé de repeindre la cage d’escalier. Le terme web 2.0 tombait en déconfiture, alors plutôt que de lui donner un sens, de le définir, on a modifié son appellation sans réellement en donner de sens, principe du « je change la forme, pas le fond ».

Pour s’en rendre compte, analysons ces schémas. Ici une présentation des plateformes web 2.0 :

Attention, maintenant panorama des médias sociaux… hum oui je sais c’est assez ressemblant :

On est plus dans une guerre sémiologique dont on se fiche du sens. On peut même aller plus loin, en plongeant dans les plateformes en elles-même.

Qu’est qu’un réseau social (sur Internet ?) Comme le rappelle Émilie Ogez :

Catégorie de sites web avec des profils, un commentaire public du profil semi-persistant et un réseau social publiquement articulé et visitable, montré en rapport au profil.

Dans son article, elle note que cette définition s’applique également à YouTube, Flickr, Twitter… L’ensemble de ces plateformes ayant un profil connecté à une communauté, elles sont par conséquent des réseaux sociaux. Ce qui est dérangeant dans l’affaire, c’est que pour l’internaute lambda, un réseau social, c’est Facebook, MySpace ou Orkut. En fait, ils sont des anonymes dans la grande famille des réseaux sociaux, je m’explique.

YouTube est ce que l’on nomme une plateforme d’hébergement vidéo, Flickr de partage photo, Twitter de microblogging… Facebook serait plus alors un « social linker », dont le principe est justement d’affiner ce lien social, reposant plus sur la communauté et ses interactions que sur la valorisation du contenu (Flickr photo, YouTube vidéo, Twitter information, Facebook lien social ?). Cependant, on le nomme réseau social. Pour faire une analogie, ce serait comme si on parlait des chiens, des chats et que l’on ne s’appellerait plus « humains » mais «mammifères ». Étrange non ?

Au même titre, si les CMS permettent à tout un chacun de produire du contenu en ajoutant modifiant ou supprimant des données numériques, alors Facebook est également un CMS par définition. Vous voyez le truc ? En gros, les barrières sont tellement minces qu’à vouloir absolument tout définir, on en vient à altérer le sens et à ne plus rien comprendre quoi est quoi. Il devient de plus en plus complexe d’expliquer les choses tellement on a voulu les définir par leur nom, les catégoriser dans des cases précises. C’est Internet, c’est tout.

Car le web social, et toutes les technologies qui ont fait naître le mot web 2.0 et tous ces dérivés ne datent pas de 2004. Voici un bref historique des sites web 2.0 :

=> 1995 s’ouvrait Classmates premier réseau social de l’histoire

=> 25 mars 1995 un certain Ward Cunningham met en place le premier wiki

=> milieu des années 90, de nombreux sites s’apparentant à des blogs émergents

=> 1999 ouverture des plateformes de blog Live Journal et Blogger permettant à tout un chacun de disposer de son propre blog

=> novembre 1997 ouverture de Company of Friends, premier réseau social d’affaires

=> 1999 ouverture de Ofoto, premier site de partage de photographies

=> 1999 création par Netscape du flux RSS

La plus grande majorité des innovations technologiques et sociales étaient déjà présentes avant même que commence l’avènement du web 2.0 que l’on situe en 2000 (et on ne parle pas des forums, news groups… qui sont complétement dans des logiques communautaires). Donc pourquoi parler de web 2.0 presque 10 ans plus tard pour expliquer une réalité présente ? Pourquoi créer des néologismes à tout va pour définir seulement des évolutions ? Un peu comme si on disait que la théière d’aujourd’hui parce qu’elle a un système de filtre particulier est une chose nouvelle, faisant abstraction qu’elle existe depuis longtemps.

Prévoir le futur ? MADAME IRMA ?

Toujours plus dans le ridicule. Après avoir définit le présent, puis le passé,  maintenant, l’on tente de prévoir le futur en utilisant des terminologies comme web squared ou web 3.0… mais toujours dans des limites floues… histoire de vendre et de débattre sans trop se mouiller. Attention, accrochez-vous.

Alors le web squared c’est quoi ?

Voici une définition des nouvelles technologies agissant dans ce web transitoire chez Ideose :

  • « Les différentes innovations récentes dans le web marquent une évolution suffisante pour ne plus parler de web 2.0 mais elles ne constituent pas une rupture demandant d’être illustrée par un nouveau numéro de version. Le web squared marque une transition.
  • Voici la liste de ces innovations web avec un court descriptif pour chacune :
  • Implied data (données implicites) : la surabondance d’informations sur le Web est une des critiques souvent entendues en regard du temps quotidien disponible de chacun. Elle est justifiée si le traitement des informations se fait de manière manuelle. Or, des outils et logiciels sont aujourd’hui capables de marquer une donnée avec une métadonnée autorisant ainsi son traitement automatique. L’exemple des photos numériques (les données) auxquelles l’appareil ajoute automatiquement des informations sur le type d’appareil, la date et le positionnement GPS (les métadonnées) illustre bien le fonctionnement et l’intérêt de cette innovation. En effet, ces métadonnées permettront aux moteurs de recherche de trier automatiquement les photos publiées sur le web en fonction d’un paramètre de recherche comme le lieu par exemple. Une autre application des métadonnées est par exemple la visualisation de tendances sur une carte (exemple : toutes les photos prises en Europe par tel ou tel appareil). Par ailleurs, les systèmes auto-apprenants permettent ensuite de croiser ces métadonnées avec d’autres paramètres comme par exemple : reconnaître le visage d’une personne sur les photos prises à Paris à telle date.
  • Information shadow (informations cachées) : chaque donnée (un objet, une personne, un document, un lieu…) est rattachée à d’autres données. Si vous prenez par exemple en photo une personne ou un lieu, l’image créée est une donnée qui est en fait rattachée à toutes les données (d’autres photos, des articles…) concernant cette personne ou ce lieu. Avec des logiciels adaptés et un accès aux données via le web, ces informations « cachées » peuvent apparaître et être donc utilisées (les applications de réalité augmentée utilisent ce principe).
  • Real time web (web temps réel) : le « web temps réel » est l’ensemble des informations envoyées sur le web par des personnes de manière instantanée et publique. Ces informations sont – à la fois et en temps réel – envoyées à un groupe de destinataires, publiées sur le web et analysables par des logiciels de traitement de l’information. Le service le plus connu dans ce domaine est le service de microblogging Twitter qui permet à chacun de diffuser sur le web des messages courts. Les conséquences de cette définition sont que le « web temps réel » crée à la fois une nouvelle forme de communication (échange instantané, précis et publique) mais aussi une nouvelle manière d’analyser les tendances sociales (capacité d’agréger toutes ces informations publiques par des analyses humaines et logicielles).
  • Data ecosystems (bases de données interconnectées) : dans ce web des données, l’ajout de valeur va venir de l’interconnexion des bases de données permettant ainsi d’accéder de manière transversale à tous les domaines se rapportant à une donnée. Par exemple, au mot ‘Paris’, on pourra attacher aussi bien les données géographiques, culturelles, historiques que les données cinématographiques, touristiques, etc. Chaque donnée devient ainsi une porte d’entrée à plusieurs bases de données. »

Chaud chaud. Pour rappel Twitter s’est crée en… 2006.  Donc 2004 web 2.0 2006 web squared… 2005 web 3.0 …… ouch.

Oui je sais, ça avance vite dans le monde du web… ou il y a un énorme décalage je ne sais pas trop. Toujours est-il que voilà ce qu’est le web squared en surface.

Des schémas pour informer les internautes curieux commencent également à pointer leur nez, expliquant que le web squared c’est comme le web 2.0, un fourre-tout. Même notre copain Nabaztag (vous savez cette immonde peluche qui vous dit quand vous recevez un mail) est squared… pffiou allez comprendre vous…

Oui je sais, c’est à se pendre, imaginez quand on doit expliquer ça aux gens, aux clients comme à notre famille. Twitter, dans le web squared, lui qui faisait partie des médias sociaux… Car le web squared étant une phase de transition, il va forcément prendre du web 2.0 et du web 3.0, même si selon certains spécialistes… les web squared arriverait après le web 3.0… Guerre stupide au demeurant à vouloir tout conceptualiser, on finit par en perdre son latin.

Des petits tableaux voient donc le jour comme pour le web 2.0 parce que expliquer quelque chose avec des mots est trop compliqué quand ce n’est que du concept. On met web 1.0 web 2.0 et web squared pour que les gens comprennent le cheminement. Demain on se rendra compte que certains sites n’entraient pas dans toutes les cases et il faudra probablement créer le web squared 1.5… arg !

De même qu’est ce que le web 3.0 ? Bah il y a des malins qui font des pyramides de Maslow en web 2.0 et web 3.0, mais il y a encore pire, c’est les définitions (c’est pour ça que j’ai mis des schémas avant sinon vous seriez mort, cerveau explosé).

Attention, ça va faire mal aux cheveux :

D’après Wikipédia : « désigner ce qui, en 2008-2009, constitue l’étape à venir du développement du WWW . » Donc on serait déjà dedans ? Fred Cavazza, comme de nombreux spécialistes, nous parle de web sémantique (en 2006 soit un an après le web 2.0), qui correspond un peu au web squared pour d’autres… bref beau bordel en vue.

Comme le rappelle Vincent Abry, l’une des définitions évoquée en 2007 était : « la création de contenu de grande qualité et de services produits par des individus doués utilisant la technologie de web 2.0 comme une plateforme. » Ce à quoi aurait répondu O’Rilley, (les inventeurs du terme 2.0 qui nous l’avons vu évoquait des choses déjà existantes lors de l’étiquetage du concept) : « le contenu du web modéré par d’autres personnes cela n’est pas nouveau. »… Oui, je sais, c’est très très capillotracté et cela vous donne une certaine idée de la guerre des gourous du web, une guerre du sens basé sur le non-sens et l’absurde. Donc le web 3.0, on en parle, certains disent que l’on est dedans, d’autres disent que non… au final, on s’en fout complètement, voyons arriver l’avenir sans chercher à le nommer, soyons intelligents pour bien nous positionner en terme de communicant. Nous somme dans le web, point barre.

Conclusion

Les néologismes du web sont comme un arbre sans racines qui produirait des fruits pourris. Ils répondent plus à une logique de communicant qu’à une réelle révolution. S’il y a évidemment des évolutions technologiques, celles-ci ne révolutionnent en aucun cas Internet, ce sont plutôt les mentalités, l’internaute 2.0 si l’on pourrait dire.

L’arrivée de réseaux sociaux comme YouTube, Flickr, MySpace, en masse, correspond à des aspirations d’internautes, ceux-ci devenant de plus en plus équipés en appareils, de plus connectés avec des débits de plus en plus gros. Il est normal qu’ils veuillent à leur tour produire des contenus, ce qui jusqu’alors n’était possible que par des connaissances techniques. Alors il y a eut les CMS, les sites persos, puis des réseaux sociaux… Et puis les grands gourous du web ont dit « allez, c’est du web 2.0 là ma poule ». Après, il a fallu trouver une définition à tout cela, l’ancrer dans le temps.

On a commencé à se dire que avant c’était web 1.0, ce qui n’a pas de sens, convenons-en. Que ce web 1.0 était tout statique avec personne n’intervenant. On a alors pris en compte le fait que les CMS existaient. Et par conséquent que le web 2.0 ce n’était pas statique vs dynamique, et l’on a créé le web 1.5 pour tenter de rattacher les wagons pour créer une apparente cohérence. Les forums, news groups ou encore tchats s’ils créent du lien social, s’ils sont repris sur certaines plateformes 2.0 sont 1.0 et puis c’est tout est ainsi martelé.

Il a fallu donner une certaine date aux médias sociaux, pour mieux clarifier les choses, et l’on a dit que ce serait début 2000, faisant l’impasse sur les prototypes des années 90. Mais les gourous ne souhaitaient pas s’arrêter là. Ils venaient de coller des néologismes sur le passé et sur le présent, il fallait maintenant définir le futur. Ce sera le web 3.0 avec une période transitoire que l’on nommera web squared… allez chercher la logique vous. Et puis comme les web 1.0 et consort ne faisaient plus bien car trop associés à une zone floue, alors on a créé le terme « médias sociaux » pour faire un fourre-tout. Cela parle bien médias sociaux, c’est un média avec du social dedans, les gens comprendront… hum pas sûr.

Perdus dans le firmament des définitions, les internautes n’en ont que faire, cette petite gueguerre des terminologies n’intéresse que les marketeux, et ce sont eux qui l’ont créée pour vendre du rêve au final. « Attendez monsieur le PDG, aujourd’hui je vous fais une campagne social média et on ancre le tout dans le temps réel, ce qui nous permettra de glissé vers le web squared, lui-même nous permettant un positionnement dans le futur sur les moteurs sémantiques ou web 3.0. » Vas-y que je t’embrouille. L’internaute, il a son réseau social Facebook, ses vidéos YouTube et si demain on lui demande de taguer ses recherches, il le fera sans se demander « ouah, trop la classe je suis rentrer dans le web 3.0 »…

Ces préoccupations qui enflamment Internet sont tout simplement ridicules. Le web 2.0 existe-t-il réellement ? Les professionnels se cassent les dents sur ces concepts (car il faut aussi tenter de les comprendre dans notre métier). Certains semblent y arriver… L’internaute, lui, ça ne le touche pas. Internet c’est Facebook et Google. Après, web 2.0, 3.0, il s’en moque, il ne comprendra pas et ne cherchera pas à comprendre.

En fait, le web 2.0 et tous ces néologismes, comme le rappel Eric Schmidt de chez Google n’ont réellement qu’une vocation : marketing. Pas étonnant qu’ils soient du fait de communicants ou de journalistes.

Qu’en pensez vous ?

Billet initialement publié sur le blog d’Antoine Dupin

Image de une CC Flickr ilgiovaneWalter (Sobchak)

]]>
http://owni.fr/2010/08/30/la-guerre-des-neologismes-la-defaite-du-sens/feed/ 11
Journalisme : il faut bouger! (enfin un tout petit peu) http://owni.fr/2010/07/13/journalisme-il-faut-bouger-enfin-un-tout-petit-peu/ http://owni.fr/2010/07/13/journalisme-il-faut-bouger-enfin-un-tout-petit-peu/#comments Tue, 13 Jul 2010 16:12:12 +0000 Erwann Gaucher http://owni.fr/?p=21895

Le gouvernement avait commandé un rapport sur la formation des journalistes et les critères de délivrance de la carte de presse. Denis Jeambar, Bruno Magliuoli et René Sylvestre l’ont remis… hélas !
Une malédiction planerait-elle sur les rapports commandés par les gouvernements ? Ceux à qui l’on demande d’apporter leur expertise sur un sujet qu’ils sont censés connaître sont-il condamnés à rendre des documents pour le moins décevants, pour ne pas dire pire ? Pour examiner ” les questions de formation aux métiers du journalisme “, le gouvernement avait réuni un trio censé savoir de quoi il allait parler : Denis Jeambar, ancien directeur de L’Express, René Sylvestre, fondateur du groupe L’Etudiant et Bruno Magliulo, inspecteur académique honoraire, auteur de nombreux rapport sur l’orientation.

Le résultat ? Découvrez-le par vous même sous ce billet, en le feuilletant ou en le téléchargeant. À peine plus de sept pages censées faire le tour de cette large question, et une préconisation tellement convenue qu’on la croirait sortie d’un autre rapport sur n’importe quel autre sujet : l’organisation d’une conférence des métiers du journalisme… Dommage que les “états généraux de la presse” aient déjà été utilisés, sinon, on y avait droit !

Sept heures de réflexion tous les deux ans pour répondre à tous les problèmes de la presse !

Pour trouver toutes les réponses aux nombreuses questions qui se posent dans un métier en pleine mutation, nos experts proposent donc une solution aussi révolutionnaire que prometteuse : une conférence biennale. Et si l’on décortique la proposition, on passe du sourire légèrement ironique à la consternation.
Un rapport préconise de changer les  critères de délivrance de la   carte de presse“En vérité, il serait plus judicieux d’en faire un événement biennal, deux années laissant un temps d’observation plus pertinent pour vérifier la réalité des changements dans la profession et engager des réformes profondes, validées par des périodes d’expérimentation” écrivent nos trois experts. Vous avez aimé la biennale des antiquaires ? Vous adorerez celle des métiers du journalisme, qui ne vont pas tarder à rejoindre les commodes Louis XVI au rang de merveilles anciennes et rares.
Et Denis Jeambar, René Sylvestre et Bruno Magliulo détaillent le programme de cette grande journée qui doit “se tenir à Paris (la maison de la Chimie nous semble bien adaptée), pour réunir les principaux acteurs ” [car on le sait bien, le vrai journalisme ne se fait qu'à Paris, pas dans ces centaines de journaux régionaux qui ont le mauvais goût d'être installés au-delà du périphérique]. Sept heures de conférences et de débats, rien que ça ! Sept heures tous les deux ans pour enfin réformer ce métier de journalisme et trouver la martingale qui permettra de mieux former les jeunes journalistes. Diantre, cela doit bien suffire.

La révolution des nouvelles technologies ? 1 h 15 de débats et c’est plié, bien sûr…

La preuve que les auteurs de ce précieux rapport ont pris la mesure de l’enjeu, ils prévoient de consacrer rien moins que 1 h 15 de débats sur “l’impact des nouvelles technologies sur différents métiers : secrétariat de rédaction, révision, maquette, photo”. Cela doit bien suffire pour comprendre ce qui arrive, trouver des solutions, inventer une nouvelle façon d’être journaliste et en organiser l’apprentissage non ? Au pire, on se revoit deux ans après, tout cela n’aura guère changé. Souvenez-vous de 2008, rien n’a bougé depuis !
Et n’attendez pas de révolution sur la forme de cette fameuse journée, il est bien entendu que tout cela conservera le bon vieux système de conférences données par deux ou trois personnes au bon peuple des journalistes avides de la bonne parole.
Visiblement, nos experts ont tout compris de la révolution qui secoue aujourd’hui les rédactions du monde entier, avec ses aspects participatifs et communautaires…

Une commission pour faire la part entre bon et mauvais journalisme

Pour faire bonne mesure, Denis Jeambar, René Sylvestre et Bruno Magliulo souhaitent également réformer la délivrance de la fameuse carte de presse. Doucement mais sûrement, ils introduisent la fameuse idée d’un contrôle des qualités professionnelles de celles et ceux qui y prétendent : “il nous paraît très important de revoir le processus de délivrance de la carte en exigeant une validation professionnelle qui ne se réduise pas à la question des revenus. Une commission de la carte repensée, renforcée, devenant en quelque sorte une commission des métiers du journalisme, ne devrait-elle pas servir aussi d’instance de médiation sur les pratique journalistiques ?” En clair : on change le nom de la commission (ça, c’est pour justifier le rapport) et on lui donne le pouvoir de trancher entre le bon et le mauvais journalisme.

Sur quels critères ? La-dessus, nos experts restent d’une discrétion prudente puisqu’il savent bien que c’est tout le problème. Qui peut juger d’une bonne ou d’une mauvais pratique journalistique ? Qui peut, dans l’affaire Woerth-Bettencourt, dire si l’équipe de Mediapart a fait ou non du bon journalisme ?

Quant au cœur du rapport qui leur a été commandé, la formation aux métiers du journalisme, Denis Jeambar, René Sylvestre et Bruno Magliulo font là encore preuve d’une invention et d’une capacité à prendre des positions nouvelles et radicales, quitte à fâcher : “Nous suggérons que la CNPEJ évolue dans le sens qui pourrait s’inspirer du “modèle CTI” [Commission du Titre d'Ingénieur, NDLR] pour devenir une institution plus représentative et disposant de larges pouvoirs”. Que de suggestions et de conditionnel ! Un fonctionnaire de Bercy proposant que le salaire du président de la République soit divisé par dix ne prendrait pas plus de précautions de style…

Un rapport qui ne dit rien sur par grand chose…

Voilà, c’est avec ce genre de rapport que le journalisme doit trouver un nouveau souffle. Alors que la presse française crève de ne pas innover, de mettre tellement de temps à s’adapter, à changer le rythme de ses process de travail, à comprendre un monde qui est en mutation perpétuelle, les experts expliquent qu’en se réunissant une journée tous les deux ans, on trouvera des solutions.

Rien sur la difficultés des médias à dégager les moyens de la recherche, du développement et de l’innovation qui pourraient pourtant leur permettre de reprendre la main sur les pure-players techniques.
Rien sur les nouvelles formes de web-journalisme qui émergent ici ou là et qui auraient tout à gagner à être mises en commun, discutées, explorées en profondeur.
Rien sur la difficulté d’accès aux documents publics qui permettraient aux journalistes français de se lancer plus efficacement dans le data-journalisme qui semble être une des attentes du public.
Rien sur les mutation profonde de consommation des médias que Facebook, Twitter et autres ont provoqué et qui ont pour conséquence de changer la façon de produire ces médias.
Rien sur pas grand chose quoi…

Télécharger le rapport [pdf]

Billet initialement publié sur Crossmedia sous le titre “Un rapport préconise de changer les critères de délivrance de la carte de presse”

Image CC Flickr orangeacid

]]>
http://owni.fr/2010/07/13/journalisme-il-faut-bouger-enfin-un-tout-petit-peu/feed/ 6
Petit traité de bulshitting à l’usage des conférenciers http://owni.fr/2010/06/18/petit-traite-de-bulshitting-a-lusage-des-conferenciers/ http://owni.fr/2010/06/18/petit-traite-de-bulshitting-a-lusage-des-conferenciers/#comments Fri, 18 Jun 2010 17:24:01 +0000 Virginie Berger http://owni.fr/?p=19316 Virginie Berger était l’envoyée spéciale d’OWNI aux rencontres de l’Adisq (Association québécoise de l’industrie du disque). En direct live from Montréal, elle revient sur l’impression que lui a laissé les conférences, les thématiques traitées et la manière de les aborder. Impression pour le moins désabusée.

Petit traité de bullshitting international à l’usage de ceux qui vont en conférence

ou comment faire croire qu’on a plein de solutions pour « sauver » l’industrie musicale

Lorsque l’Adisq m’a conviée à participer à ses conférences à Montréal, j’étais vraiment honorée mais également très excitée à l’idée de confronter mes points de vue au marché québécois. J’imaginais un marché ouvert, en pleine réflexion, porté par la dynamique que l’on retrouve actuellement sur le marché de la musique américain.

Et puis en fait, non. J’avais l’impression de me retrouver à une des ces trop nombreuses conférences, où se retrouve sur scène uniquement des industriels, mais où ne débat pas de musique… On ne nous parle pas de valeur mais de prix, de législation, de gouvernement mère nourricière, de « oui mais avant »

Où sont les artistes ?

Où sont les artistes, les consommateurs ? bref, ceux qui la font vraiment, la musique. Ils n’existent pas. On ne veut pas savoir qu’ils existent, avec des comportements, des envies, des visions différentes …

Lors de ces conférences, une des choses qui m’étonnera toujours, c’est cette notion extrêmement simpliste que tout le monde a sur ce qu’est la musique et sur sa consommation.

On nous dit que l’intégralité de la filière musicale, c’est écrire des chansons, enregistrer en studio, faire sa promo et partir en tournée. Et que la totalité de la consommation de la musique, c’est aller chercher des consommateurs, les faire acheter puis les faire écouter.

C’est effectivement comme ça qu’on pourrait décrire la valeur économique de la musique entre 1940 et 1995, mais cela ne représente en aucun cas tout ce qu’est la musique. Ni ce qu’est le business de la musique.

Le business de la musique enregistrée est actuellement inférieur à 1/3 du business global de l’industrie de la musique. Avant 1920, il était à 0%.

Et la totalité de ce que j’entends ou de ce que je lis ne tourne qu’autour de la musique enregistrée. Comment sauver les disques !

And then I talk about them

Internet n’est pas une place de marché

Et puis, évidemment, ensuite, la question se porte sur l’Internet. Comment l’Internet va sauver le business de la musique?

Sauf qu’Internet ne le sauvera pas. Internet est un moyen de communication, ce n’est pas une place de marché. Internet permet à des gens de se parler, de découvrir, d’écouter et éventuellement d’acheter. C’est un outil formidable, un levier de communication, mais on n’est pas dans la matrice. Et Néo ne viendra pas.

La première question de mon panel fut : « Alors Virginie, faut-il être sur les réseaux sociaux ? ». Bien. « Nous sommes mi-2010 quand même », avais-je envie de répondre. La question ne devrait plus être « faut-il y être ? » mais plutôt comment améliorer sa présence…

Conférence bullshit bingo

On me dit très souvent que le marché a évolué, que je suis trop dure, alors pour tous ceux qui rêvent de savoir tout ce qui ce dit en conférence par des gens très importants mais que vous ne le savez pas encore, petit résumé :

« La musique était bien meilleure quand elle était plus chère à faire » #bullshit

« Vivement Hadopi ou PRS, ça va être bien, on va certainement réussir à récupérer 10% de ce qui perd en piratage » # bullshit

« Regardez ce qui se passe en Europe, Spotify est le futur de la musique” #bullshit

« La vraie musique, c’est celle du live, des tournées » #bullshit

« On doit éduquer les gens à arrêter de voler la musique » #bullshit

« Si on multiplie le nombre de téléchargement pirates par 1$; vous avez vu tout l’argent qu’on perd » #bullshit

« Il faut taxer les appareils » #bullshit

« Il faut que le gouvernement nous aide » #bullshit

« Les consommateurs veulent du gratuit, ils n’achètent plus » #bullshit

« La valeur et le prix, c’est pareil » #bullshit

« Avec leur Ipod, les gens ne savent plus ce qu’est la musique. Ils écoutent tout et n’importe quoi » #bullshit

Ne parler que de la musique comme de la musique enregistrée #bullshit

Fort énervement et/ou rire sardonique ?

Personne n’a de solutions miracle pour sauver quoi que ce soit. Et surtout pas moi. Mais ce n’est pas avec des œillères qu’on va avancer…

Et d’ailleurs, la musique a-t-elle réellement besoin d’être sauvée? Ne serait-ce pas l’industrie de la musique enregistrée qui veut être sauvée ? Et ne serait-ce pas cette tentative désespérée qui rendrait impossible toute évolution favorable pour les artistes et le consommateur ?

Initiative à signaler, hier soir se tenait en marge de l’Adisq la première anti-conférence musiQCnumeriQC. L’objectif, débattre entre artiste, blogueur, managers représentant institutionnels, de l’état du marché et de comment se prendre en main. Vite.

Alors ça a débattu fort, mais ça a débattu. Et ça, c’est déjà quelque chose…

> Crédit Photo CC FLickr par Jeff the Trojan

]]>
http://owni.fr/2010/06/18/petit-traite-de-bulshitting-a-lusage-des-conferenciers/feed/ 11
Lady Gaga, un point zéro http://owni.fr/2010/06/03/lady-gaga-un-point-zero/ http://owni.fr/2010/06/03/lady-gaga-un-point-zero/#comments Thu, 03 Jun 2010 10:57:21 +0000 Boumbox http://owni.fr/?p=17407 J’ai lu cet article sur Schizodoxe l’autre jour, parce qu’il parlait de Lady Gaga et d’immortalité 2.0 et que j’espérais que mon idée fumeuse d’immortalité pour tous avait peut-être trouvé un repreneur. Au lieu de ça, il s’agissait d’un article bon esprit mais plutôt à côté de la plaque, écrit en réaction au papier de Fabrice Epelboin sur Gaga  (“Michael Jackson 2.0″).

Je vous résume : Fabrice s’est penché sur Gaga au moment du ramdam autour du clip de Telephone et, parce qu’il écrit pour ReadWriteWeb, il a analysé en profondeur la stratégie de communication de miss Gaga sur l’interweb et en conclut que Gaga est un pur phénomène web totalement nouveau. Dahlia de Schizodoxe a embrayé, se penchant non pas sur le marketing mais sur tout le concept Lady Gaga pour en tirer les mêmes conclusions.

Moi, j’ai été sur la fanpage de Coca Cola et j’ai vu cinq millions et demi de fans. Je n’en ai pas conclu que le Coca était un phénomène du business 2.0, un truc totalement XXIème siècle qui allait changer la façon qu’on a de consommer du soda. J’en ai juste déduit que les gens aiment le coca.

Lady gaga c’est du 1.0 des familles, avec Gaga et ses équipes tout en haut et les fans en bas. Alors attention les blogueurs, si vous dites qu’un truc est “2.0″ dès qu’il marche, même s’il n’a rien de social, que sa communication est basée sur un vieux modèle du haut vers le bas, que ses fans sont en admiration muette devant un phénomène auquel ils ne contribuent pas, vous allez tout foutre en l’air.

Les gens avec l’argent vont se rendre compte que toutes nos conneries de web participatif c’est du gros pipeau et on ne va plus pouvoir leur soutirer leur argent.

> Article initialement publié sur Boumbox

> Illustration CC Flickr par kitinete-de-apolo

]]>
http://owni.fr/2010/06/03/lady-gaga-un-point-zero/feed/ 9