OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Pour une économie durable: la e-frugalité http://owni.fr/2011/06/09/economie-durable-e-frugalite/ http://owni.fr/2011/06/09/economie-durable-e-frugalite/#comments Thu, 09 Jun 2011 16:25:24 +0000 Jean-Pierre Corniou http://owni.fr/?p=67053 Les tensions sur les marchés de matières premières n’ont jamais atteint un niveau aussi élevé. La population de la Terre est passée de 800 millions en 1800 à 7 milliards d’habitants en 2012. Dans tous les domaines, les réserves prouvées s’amenuisent. Les terriens auraient déjà consommé en 200 ans la majorité des ressources non renouvelables connues de la planète et accessibles… Et quand bien même on saurait, par l’exploration de nouveaux territoires, repousser ces limites (non sans risque ni sans coût supplémentaire) le problème de l’exploitation du « réservoir Terre », qui par principe est fini, se posera à long terme pour les générations futures.

Le constat est sans équivoque, partagé par toute la communauté scientifique internationale et atteint aujourd’hui les milieux économiques.

Source : Programme des Nations Unies pour l’Environnement, mai 2011

Malthus et les Chinois

Si la question du risque d’épuisement des ressources naturelles n’est pas nouvelle et a donné lieu à d’innombrables controverses, elle se pose aujourd’hui dans un contexte radicalement nouveau : celui de l’apparition de deux acteurs massifs, la Chine et l’Inde.

Ces deux pays aspirent au cours du XXIème siècle à faire bénéficier leur population de 2,5 milliards de personnes d’un niveau de vie comparable à celui atteint à la fin du XXème siècle par les pays développés. Rien ne les empêchera de le vouloir et de tenter d’y parvenir. Personne ne peut légitimement s’y opposer.

Ce qui est nouveau dans le paysage mondial, c’est que la Chine, qui est dans une phase unique de construction de ses infrastructures, pèse entre le tiers et la moitié de la consommation mondiale d’acier, de minerai de fer, de ciment, de plomb, de zinc, d’aluminium, de cuivre, mais aussi de porcs et d’œufs… Nous ne sommes plus dans les échelles de grandeur de l’Angleterre du début du XIXème siècle !

Dans son ouvrage Effondrement paru en 2005, consacré à l’analyse de causes multiples ayant entraîné la disparition de sociétés, l’universitaire Jared Diamond , propose, à partir de l’analyse des cas qui forment la trame de son livre, un modèle sur les facteurs qui contribuent à la prise de décision en groupe :

  • un groupe peut échouer à anticiper un problème avant qu’il ne survienne vraiment
  • lorsque le problème arrive, le groupe peut échouer à le percevoir
  • ensuite, une fois qu’il l’a perçu, il peut échouer dans sa tentative pour le résoudre
  • enfin il peut essayer de le résoudre, mais échouer.

Dans notre société démocratique, la gestion du futur est un des problèmes les moins faciles à traiter. Car nous sommes sur un terrain miné ! Une société autoritaire peut assumer le coût de décisions de long terme impopulaires. Haussmann a pu créer le Paris moderne car il ne s’est pas encombré de débats sur les conséquences de ses actes, notamment le bouleversement de la structure socio-économique de la ville. Et Paris aujourd’hui, 140 ans plus tard, demeure une ville assez équilibrée dans son organisation et son aptitude à se moderniser. Comment fonctionnerait aujourd’hui le Paris médiéval de 1852 ? La vision chinoise est une démonstration de la capacité de ce type de régime à assumer des décisions longues, ce qui n’implique pas nécessairement qu’une décision technocratique soit éclairée ou qu’une décision démocratique ne soit qu’un arbitrage mou entre intérêts de court terme.

Néanmoins, prendre des décisions implique toujours d’engager le futur avec une vision plus ou moins cohérente, structurée, anticipatrice. Notre gestion de la ressource pétrolière est une belle démonstration. Depuis les premiers avertissements du Club de Rome, accueillis avec sarcasme en 1972, la société, continue collectivement à exacerber la préférence pour le présent au détriment de notre responsabilité envers le futur. Cette société limitée et égoïste a démontré ses limites dans l’emballement financier de 2008, mais, au-delà des intentions réformatrices, cette préférence pour le présent continue à satisfaire largement les intérêts des dirigeants politiques et économiques. Il est clair que peu de décideurs ont la fibre sacrificielle pour risquer leur mandat face aux électeurs ou aux actionnaires en sortant des sentiers balisés de la continuité. Et d’ailleurs la vraie difficulté est de concevoir un modèle qui serait « meilleur » que le système actuel. Nous sommes dans un domaine où la globalisation rend l’expérimentation extrêmement difficile à pratiquer et pour lequel n’existe pas de référence historique. Nous sommes condamnés à inventer sans filet…

Le roi est nu…

Or, si nous ne savons pas vers quel modèle nous diriger, si nous sommes incapables de prendre des décisions collectives au niveau du « vaisseau spatial Terre » comme l’échec de Copenhague et les piètres résultats des G8 et G20 successifs le démontrent, nous savons que nous sommes proches des limites du modèle du XXIème siècle. Notre société moderne qui assiste avec Fukushima à la concrétisation d’un de ses pires cauchemars, vit la démonstration en temps réel que même lorsque le risque est pensé, préparé, il peut quand même arriver et conduit à une formidable régression de tous les avantages que le progrès nous a apportés.

« Christmas in 2050 »

Il suffit de voir comment vivent encore maintenant au Japon, dans un des pays les plus technologiquement avancés de la planète, les dizaines de milliers de réfugiés, comme les centaines de milliers d’Haïtiens, un des pays les plus pauvres de la planète, pour constater qu’en très peu de temps n’importe lequel d’entre nous peut se retrouver dans une situation durable de dénuement et de détresse.

Comment passer d’une attitude résignée ou insouciante à l’action ? Comment réconcilier une économie de croissance, qui apparaissait comme la moins mauvaise réponse à nos aspirations individuelles et à nos besoins sociaux planétaires, à une économie de responsabilité, conciliant besoins présents et besoins futurs ? Comment réduire ou éliminer la consommation de ressources non renouvelables en cessant de grignoter notre capital naturel, dans une démarche de mise en cohérence des horizons courts et des horizons longs ? Comment traiter la question centrale de l’exposition aux risques sans paralyser toute initiative nouvelle ? Ce débat n’est pas nouveau. Jared Diamond prête aux dirigeants des civilisations disparues la capacité de s’être posé les bonnes questions. Mais ce sont les réponses qui ont été inopérantes. Et rien ne prouve que notre société, mondiale, informée, scientifique saura résoudre tous les problèmes que nous connaissons aujourd’hui et ceux que nous allons progressivement découvrir.

Or le débat est particulièrement difficile à documenter car s’opposent violemment deux clans irréductibles : les libéraux qui pensent que la science et le marché trouveront, au moment opportun, les bonnes réponses, même si le prix en est élevé ; et en face les adeptes de la décroissance qui estiment qu’il faut changer tout de suite de modèle économique en revenant à un statu quo ante mythique. On a tenté de forger un modèle de compromis, le développement durable, formalisé par une série de textes issue des réflexions partagées lors de la conférence des Nations Unies sur l’environnement humain à Stockholm dès 1972, puis dans le rapport Bruntland de 1987, et ultérieurement affinées. Même cette caution universelle n’a pas permis de déboucher sur des conclusions pratiques. Au contraire, l’année 2010 a vu croître la production mondiale de CO2 à un rythme plus rapide encore !

Tentons la formulation d’une alternative à chacun de ces deux modèles de base, aux dérivées multiples, que chaque camp aura tout loisir à rejeter dans l’autre.

La force de l’homme face à celle de la nature

Le XIXème et le XXème siècle ont été des périodes d’intense croissance économique centrée sur la mise à disposition par l’espèce humaine d’une formidable prothèse musculaire décuplant ses forces naturelles à l’aide de moyens mécaniques de plus en plus efficaces. La machine à vapeur, puis le moteur à explosion et l’électricité nous ont donné la capacité de nous transporter et d’exploiter les ressources naturelles à un niveau que les terriens n’avaient jamais imaginé pendant des millénaires. Le progrès était assimilé à la capacité d’exploiter les ressources naturelles, puisque la révolution industrielle a été le fruit de la rencontre de la maîtrise de sources d’énergie de plus en plus abondantes et la capacité à les exploiter pour inventer de nouveaux matériaux et de nouvelles machines. Et cette puissance était encensée et célébrée dans les Expositions Universelles comme l’expression ultime du rêve de la domination de l’Homme sur la nature… Le système technique mis en place entre 1850 et 1900 a totalement imprégné de son modèle tout le XXème siècle sans qu’il y ait de rupture fondamentale dans la manière de concevoir le développement économique servi par une énergie abondante et peu chère.

Mais aujourd’hui nous touchons les limites de ce modèle « mécanique ». Les vitesses de déplacement, qui ont été le marqueur le plus symbolique du progrès, sont aujourd’hui asymptotiques. Sur mer, le Queen Mary avait une vitesse de pointe de 29 nœuds en 1935. Son successeur, le Queen Mary 2 construit en 2003 atteint la même vitesse maximale de 29 nœuds. Le rail a été le domaine de prédilection des records de vitesse. Si la vitesse maximale de 574 km/h a été atteinte de façon expérimentale en 2007 sur la LGV Est, la vitesse commerciale des TGV se stabilise entre 300 et 350 km/h. Avec l’abandon de Concorde, le rêve du transport supersonique semble écarté pour longtemps et on se « contentera » longtemps d’une vitesse de croisière de l’ordre de 900 km/h. Enfin, la voiture individuelle qui n’a cessé depuis son origine d’être exploitée pour battre des records de vitesse, se cantonne partout dans le monde autour d’une vitesse maximale autorisée de l’ordre de 100 à 130 km/h. La vitesse n’est plus l’objectif majeur. Il faut réduire les consommations, préserver les infrastructures et ne plus jouer avec la vie humaine.

L’ère du savoir infini commence

Le biologiste et philosophe Julian Huxley, qui a joué un rôle clef dans le développement de l’UNESCO, écrivait en 1942, au cœur de la seconde guerre mondiale qui vit le déchainement des forces mécaniques, que « le progrès » comportait trois dimensions principales :

  • une maîtrise plus étendue de la vie sur son milieu
  • une indépendance plus grande par rapport aux changements qui se produisent dans ce milieu
  • une augmentation de la connaissance, de la complexité harmonieuse et de la capacité d’autorégulation

Cette définition d’un progrès équilibré entre l’homme, sa vie et son milieu, pourrait être une piste de réconciliation entre progrès scientifique et développement humain. Car une croissance responsable de l’anthroposphère doit dorénavant viser une empreinte minimale sur le milieu naturel. Elle doit être la plus faiblement consommatrice de ressources et de matières premières voire même productrice nette de ressources. Elle devra faire une place absolue à l’énergie électrique qui est aujourd’hui le vecteur d’énergie le plus efficace et peut être produite à partir de ressources renouvelables.

Contrairement, au XIXème siècle, l’enjeu est aujourd’hui de produire en consommant le moins possible de ressources non renouvelables et en les recyclant après usage. C’est la stratégie du “découplage” entre la croissance et la consommation des ressources naturelles.

Or il est un domaine qui connait une croissance exponentielle depuis l’origine avec une empreinte minimale sur ces ressources : les microprocesseurs. Autour du microprocesseur s’est construit un ensemble de méthodes et d’outils qui constituent les sciences de l’information et de la communication et dont l’application à tous les domaines de l’activité humaine nous dote d’une nouvelle capacité, une prothèse cérébrale.

Ce n’est plus la puissance physique qui est déterminante, mais la capacité de « mettre en relation » des facteurs pour faire émerger rapidement la meilleure solution. Nous passons de la main- d’œuvre, assistée par la machine mécanique, au cerveau d’œuvre, assisté par ordinateur. Nous transitons d’un monde qui recherchait l’efficacité vers un monde centré sur l’efficience. La société de l’information et de la connaissance sera-t-elle finalement le modèle recherché de développement durable conciliant niveau élevé d’utilités individuelle et collective et absence d’empreinte sur l’environnement ? C’est bien le troisième point souligné par Julian Huxley.

Comprendre pour agir avec discernement; orienter les comportements par les prix intégrant les valeurs du futur…

Connaître pour comprendre, comprendre pour prendre les meilleures décisions en analysant à l’avance les conséquences de ces décisions, intégrer tous les facteurs, dont le long terme : ce sont les nouveaux moteurs de l’action qui se déclinent dans une variété infinie de situations. En effet, pour utiliser moins de ressources, il faut être en mesure d’ajuster de façon précise le moyen utilisé au résultat visé. Cet ajustement doit être fin, évolutif, automatique. Ceci implique une capacité de modélisation et de pilotage de la réalisation dont nous étions jusqu’alors incapables. Ces outils offrent aussi la possibilité nouvelle de réguler à grande échelle les actions individuelles dans une cohérence globale permettant une optimisation énergétique mais également un niveau de satisfaction individuelle supérieur.

C’est l’objet des réseaux énergétiques intelligents, comme des réseaux de transport. Cette vision intègre également une réflexion de fond sur le sens du travail. Prenons le domaine des transports. Nous produisons des machines sophistiquées, les voitures, dont l’usage est tout à fait dérisoire par rapport à leurs capacités. Utiliser un moteur à explosion de 3 l de cylindrée, développant 250 cv, qui même à l’arrêt consomme de l’énergie et produit de la chaleur, conçu pour rouler à 250 km/h, pour se déplacer en ville à 15km/h est le comble de l’absurde. Faire rouler une berline de cinq places de 1,8 t sur 500 km pour déplacer son seul conducteur n’est pas plus efficace. Les réponses apportées par l’économie du service et de la connaissance sont aujourd’hui dans la consommation collaborative : le co-voiturage, l’autopartage et les différentes solutions de transport ferroviaire.

Partager est le premier moyen de consommer moins d’énergie. Naguère solution rigide, il est aujourd’hui possible grâce aux télécommunications et à la géolocalisation de le faire de façon souple et confortable. S’il faut favoriser le rapprochement des personnes pour exploiter tout notre potentiel de créativité, nous pouvons désormais le faire avec beaucoup plus de discernement en évitant les déplacements inutiles grâce aux outils de communication et de travail coopératif qui permettent avec peu d’énergie de renforcer la dynamique de l’échange. Si l’échange des biens physiques reste incontournable pour se nourrir, se vêtir, se loger, on peut désormais prendre des décisions informées sans se déplacer, optimiser ses choix en fonction d’objectifs plus larges, notamment l’empreinte environnementale par la durabilité des solutions et la recyclabilité des produits.

Gérer au mieux les ressources est également le fruit d’un intense travail de recherche et de modélisation sur les systèmes énergétiques, les matériaux, la production agricole, et sur les circuits logistiques. La conception assistée par ordinateur, la modélisation des comportements des systèmes complexes ont permis des progrès considérables en matière de création de nouveaux produits et de gestion de systèmes. Un téléviseur plat à LED consomme infiniment moins de ressources qu’un écran à tube cathodique en apportant un service supérieur. Trouver des solutions nouvelles en matière de production et de consommation d’énergie viendra de la recherche, facilitée par l’expérimentation, nourrie par les informations issues des politiques d’open data et d’open innovation alimentées par le web. On sait aujourd’hui produire un habitat a minima neutre sur le plan énergétique grâce aux matériaux. L’industrie a fait des progrès considérables en matière de consommation de fluides et de gestion des rejets, et apprend à recycler la plupart des matières premières consommées. Nous devons dans tous les domaines nous inspirer des solutions mises ne œuvre par la nature elle-même pour développer l’efficience énergétique et inventer de nouveaux systèmes. C’est le vaste champ du biomimétisme.

Mais si ces comportements sont encore minoritaires, c’est que le marché n’a pas encore intégré toutes les informations nécessaires pour les transformer en signaux prix suffisamment explicites pour que les comportements vertueux envers le futur ne soient pas le fruit de militants isolés. Le modèle doit devenir auto-piloté et les comportements être orientés par les prix intégrant les valeurs du futur. Quand le marché ne le fait pas de façon suffisamment rapide, la fiscalité doit y contribuer d’où toute l’importance économique des formules de taxe carbone et d’éco-taxes qui doivent clairement contribuer à l’optimisation des choix en faveur de la préservation des intérêts à long terme de la communauté humaine.

Certes, la gestion de l’information à grande échelle consomme également des ressources naturelles et de l’énergie. L’électronique est friande de terres rares, exploite l’énergie portable avide de lithium, l’informatique en nuage nécessite des centres de calcul consommateurs d’énergie électrique et les outils de la mobilité exploitent des ondes dont l’impact à long terme est méconnu. Mais la prise de conscience de l’industrie est acquise et les progrès déjà remarquables, même s’il faut encore trouver des solutions de recyclage plus efficaces.

L’information, moteur d’un monde frugal ?

La révolution du XXIème siècle empruntera largement cette voie. Tout n’y est pas résolu, ni simple. Mais au moment où les choix se font plus pressants, exploiter tout le potentiel d’une intelligence en réseau paraît indispensable, sans toutefois garantir sans effort un monde meilleur. Ceci implique pour les entreprises comme pour les collectivités le retour des investissements en techniques et process numériques. Mais dans cette nouvelle phase l’objectif ne serait plus l’augmentation de la productivité du travail, mais l’invention de nouvelles activités stimulantes, utiles, compétitives et neutres sur l’environnement.


Article initialement publié sur le blog de Jean-Pierre Corniou Technologies et société de la connaissance.

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Le logiciel libre à l’ère du développement durable http://owni.fr/2010/11/19/le-logiciel-libre-a-lere-du-developpement-durable-green-it-open-source/ http://owni.fr/2010/11/19/le-logiciel-libre-a-lere-du-developpement-durable-green-it-open-source/#comments Fri, 19 Nov 2010 07:30:40 +0000 Simon Descarpentries (Framablog) http://owni.fr/?p=36056

Au détour d’une conférence sur les tendances 2010 de l’Open Source à l’OpenWorldForum, j’ai assisté à la présentation, captivante, des enjeux croisés de l’écologie et du logiciel libre, résumé en « FreenIT » par un duo peu ordinaire. En effet, l’un s’annonce comme journaliste et passionné d’environnement et l’autre (respectivement) comme ingénieur expert en « innovation ouverte et logiciel libre ». Leur présentation s’attachait à mettre en valeur les avantages intrinsèques des logiciels libres dans la quête d’une informatique écologiquement responsable vers laquelle l’industrie et les grandes entreprises se tournent enfin.

Enthousiasmé par leur démonstration, je pris contact avec eux à l’issue de la présentation, pour évoquer la possibilité de faire passer leur message jusqu’à vous chers lecteurs, dans la droite lignée de nos explorations de la société, à la recherche des applications de la culture du libre. Après les « AMAP », qui mettent de l’écologie dans les assiettes de collectifs qui s’auto-organisent pour échapper aux injonctions des grandes surfaces, voici donc le « Green IT » qui met de l’écologie derrière nos écrans.

On retrouve, dans ce texte de synthèse rédigé pour le Framablog, les notions clés du succès en matière de développement durable, tel que le fameux « penser global, agir local », que l’on retrouve dans le logiciel libre sous la forme d’un « bidouiller dans son coin, et penser aux autres », ou encore une évocation du « leadership par l’exemple » qui prévalut dès le début en matière politique sur Internet, cet espèce de laisser-faire, un peu utopique, sans laisser-aller. Enfin, je citerai encore la notion d’énergie grise, qui vient malheureusement contrebalancer les discours commerciaux des fabriquants en matière de décroissance de la consommation énergétique des nouvelles générations de composants informatiques.

Logiciel libre et Green IT : même combat ?

Les connaissances des communautés open source et les principales caractéristiques des logiciels libres sont particulièrement bien adaptées à la profondeur et à l’urgence des enjeux du développement durable. Démonstration.

L’humanité fait face à trois problèmes environnementaux majeurs : le dérèglement climatique, l’écroulement de la biodiversité et l’épuisement des stocks de ressources non renouvelables. La prise de conscience a été (trop) longue, et l’urgence aujourd’hui est réelle : nous n’avons qu’une génération pour trouver et mettre en œuvre les solutions à ces défis. Quel rapport entre ce constat, iconifié par des personnages tels que le Commandant Cousteau, Al Gore ou Nicolas Hulot, et notre quotidien d’informaticiens ? Que peuvent les geeks face à ces enjeux planétaires ?

Toujours poussés plus loin vers les mondes virtuels, nous avons tendance à oublier qu’octets et instructions consomment substrats et énergie. Une consommation qui se traduit par des nuisances que notre écosystème ne peut pas absorber indéfiniment. Les informaticiens peuvent, s’ils le souhaitent, réduire rapidement l’empreinte de l’informatique sur l’environnement. Mais plus encore, la communauté du logiciel libre détient des savoirs transversaux qui font défaut aux acteurs du développement durable. Explication.

Freen IT as in Free & Green IT

Le courant de pensée du “green IT”  cherche à réduire l’empreinte écologique des technologies de l’information et de la communication (TIC). Pour réduire l’empreinte des TIC, il faut se concentrer sur l’essentiel. Contrairement au discours marketing des éditeurs et des constructeurs, les phases de fabrication et de fin de vie d’un ordinateur consomment plus d’énergie et génèrent nettement plus de nuisances environnementales que la phase d’utilisation. En clair : si vous décidez de remiser tous vos serveurs et postes de travail, encore fonctionnels, pour les remplacer par d’autres nettement moins énergivores… vous faites fausse route. Les constructeurs vous remercieront, pas la planète. En effet, l’énergie grise liée aux équipements informatique ne cesse de croître, quand leur consommation en fonctionnement s’affiche à la baisse.

Les deux grands défis du “green IT” consistent à :

  • prolonger la durée d’utilisation des matériels existants;
  • et à réduire les besoins, en termes d’énergie et de ressources, sur la phase d’utilisation.

Ce qui signifie mettre le holà à la gloutonnerie des logiciels. Microsoft Office 2010 sous Windows Vista nécessite par exemple 70 fois plus de ressources qu’Office 97 sous Windows 98… Les documents produits sont-ils 70 fois plus percutants ou créés 70 fois plus vite ? Non. La gabegie logicielle est indéfendable.

Le logiciel libre comme modèle

C’est la couche logicielle qui pilote les besoins en ressources matérielles d’un ordinateur. Or, d’un point de vue technique, les logiciels libres sont bâtis autour d’un noyau qui répond à 80% des besoins essentiels. Autour de ce noyau viennent se connecter des extensions qui répondent aux besoins moins répandus. Cet écosystème évolue. Si une fonction devient incontournable, elle est intégrée au noyau. Cette architecture modulaire et évolutive minimise les ressources matérielles (puissance processeur, mémoire vive, etc.) nécessaires. On obtient donc des logiciels performants même sur des matériels modestes ou anciens, ce qui permet d’allonger la durée d’utilisation du matériel… ou de redonner une seconde vie à un matériel d’occasion.

Généralement alliée à une gratuité d’accès, la parcimonie des logiciels libres (systèmes d’exploitation en tête) rend viable la filière du reconditionnement des équipements d’occasion. Le « libre » apporte une réponse pragmatique, ici et maintenant, aux deux premiers défis du « green IT » : faire durer le matériel, économiser les ressources. En outre, le découplage entre logiciel et support technique (qui peut être fourni par différents acteurs de la communauté) évite l’obsolescence programmée et imposée par des éditeurs propriétaires et en position de monopole. En raccourcissant la durée de leur support technique, ces derniers poussent en effet à la consommation de nouvelles versions de logiciels plus gourmands, et donc de matériels plus puissants pour les faire tourner.

Au delà des aspects techniques, les communautés du libre reposent sur une organisation pyramidale dont les processus sont transparents. Ces deux propriétés garantissent un travail rapide et efficace qui pousse les chefs de projet et les développeurs à bien faire leur travail (un code efficace par exemple) et à prendre leurs responsabilités. Le pouvoir du créateur du logiciel est contrecarré par le pouvoir des utilisateurs. Les utilisateurs peuvent « forker » un projet du jour au lendemain. On ne peut donc pas verrouiller les utilisateurs et leur imposer un rythme de mise à jour.

D’autre part, le modèle économique du libre est quantitatif. Seule l’adhésion du plus grand nombre garantit au créateur du logiciel des revenus confortables et pérennes. Les communautés open source ont dissocié les revenus liés au service d’une part, de ceux potentiels liés à la vente de copies du logiciel d’autre part. Ainsi distribué gratuitement, et facilement localisé, les logiciels open-source peuvent toucher rapidement le plus grand nombre. Ouverture et gratuité facilitent une adoption large et rapide.

Des principes valables pour le green IT ?

A-t-on intérêt à appliquer ces principes – architecture modulaire, méritocratie éclairée par le contre-pouvoir des utilisateurs, standardisation, découplage des revenus directs du produit, etc. – aux problématiques du développement durable ? Tout porte à le croire.

D’une part, nous n’avons qu’une génération pour diviser notre empreinte écologique par un facteur 4 . Jamais l’humanité n’a fait face à un défi d’une telle ampleur. Pour tenir ce pari, nous devons aller plus vite que jamais auparavant dans l’histoire humaine. Le modèle d’adoption – très rapide – des logiciels libres doit donc être une source d’inspiration pour les acteurs du développement durable.

Que nous apprennent les communautés open source ? Sans standard, point de salut. La (presque) totalité des logiciels libres s’appuient sur des standards reconnus (qu’ils ont contribué à faire émerger et / ou à forger) pour s’assurer de la pérennité des développements. On touche ici au caractère « durable » des développements. Pour s’imposer dans le temps, les solutions du développement durable devront s’appuyer sur la même approche de standards ouverts. Et ce d’autant plus que les problématiques sont mondiales. Par exemple, pour être efficaces (c’est à dire économiser de l’énergie), les compteurs électriques intelligents devront tous parler le même protocole. Or, seul un protocole normalisé et ouvert sera adopté rapidement.

D’autre part, pour aboutir rapidement, ces standards devront être forgés par une méritocratie éclairée. L’échec de Copenhague l’a démontré, la recherche d’un consensus mondial est impossible en l’état. En revanche, rien n’empêche un ensemble de pays de proposer une solution pertinente, dont l’évolution sera dictée par toutes les parties prenantes.

Enfin, d’un point de vue plus philosophique, l’architecture technique d’un logiciel libre montre que ses créateurs sont « près de leurs ressources ». Ces « décroissants du logiciel » montrent à leur façon qu’une débauche de moyens n’est pas toujours nécessaire pour atteindre un objectif. En d’autres termes, le développement ne sera réellement durable que s’il ponctionne le strict minimum des ressources disponibles. Cette ascèse est déjà une règle fondamentale d’un grand nombre de projets open source.

    Pour conclure, il nous semble évident que :

  • les logiciels libres constituent une réponse pertinente pour réduire l’empreinte environnementale des TIC;
  • que les modes d’organisations des communautés correspondent bien aux enjeux mondiaux du développement durable;
  • et que les principes fondamentaux des projets open source garantissent une adoption rapide et durable des solutions, un point clé des enjeux du développement durable.
  • Votre avis ?

>>Frédéric Bordage et François Letellier sont auteurs et contributeurs du blog collectif GreenIT.fr

>>Article publié sur Framablog sous le titreLogiciel libre et développement durable, même combat ?”

>> Framasoft, qui édite Framablog, a lancé une campagne de dons, afin d’équilibrer son budget.

>> Crédits photo Flickr CC : Stuck in Customs ShellyS

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http://owni.fr/2010/11/19/le-logiciel-libre-a-lere-du-developpement-durable-green-it-open-source/feed/ 3
L’Internet des Objets : vers un développement durable numérique ? http://owni.fr/2010/03/02/l%e2%80%99internet-des-objets-vers-un-developpement-durable-numerique/ http://owni.fr/2010/03/02/l%e2%80%99internet-des-objets-vers-un-developpement-durable-numerique/#comments Tue, 02 Mar 2010 18:11:18 +0000 Philippe Gargov http://owni.fr/?p=9274 internet des objets nabaztag

Objets connectés, communicants voire même “bavards” ? L’Internet des Objets, qui appartenait hier à la science-fiction, s’apprête à envahir nos foyers. Sa promesse ? “Ce que fait une page Internet, une chaussure pourra le faire“, résumait Rafi Haladijan, pionnier de l’Internet et de l’Internet des Objets avec ses célèbres lapins communicants “Nabaztag”.

La formule a le mérite de la clarté, face un concept relativement déroutant. Nombre de nos concitoyens se perdent ainsi entre les termes – “RFID”, “domotique”, “intelligence ambiante”… kézaco ? – et les horizons infinies de cette “nouvelle ère informatique“. Le service IJENKO exploitant les nouvelles possibilités offertes par ces objets communicants, nous nous proposons de faire le point avec cette “introduction à l’Internet des Objets”.

Comment ça marche ?

Comme son nom l’indique, l’Internet des Objets représente l’extension naturelle du cyberespace de l’Internet dans l’espace physique de notre quotidien : objets, lieux, arbres ou animaux… et peut-être un jour individus. Les définitions restent toutefois assez variables, et même les plus connaisseurs se perdent dans ce “flou artistique“. Le rapport “Internet des Objets : quels enjeux pour les Européens ?“, propose une définition claire et synthétique. L’Internet des Objets décrirait ainsi “un réseau de réseaux permettant, via des systèmes d’identification électronique […] et des dispositifs mobiles sans fil, d’identifier […] des objets physiques et ainsi de pouvoir récupérer, stocker, transférer et traiter, sans discontinuité entre les mondes physiques et virtuels, les données s’y rattachant“.

Internet des objets RFID

… Et en plus clair, c’est possible ?

Plusieurs notions méritent d’être explicitées :

- Par “systèmes d’identification électroniques” et “dispositifs mobiles sans fil“, le rapport fait référence à la multiplication attendue de “code-barres” d’un nouveau genre, qui équiperont les objets et les rendront communicants. Les plus connus sont les technologies de radio-identification (RFID pour Radio Frequency IDentification) ou de communication en champ proche (Nearfield communication), les réseaux bluetooth et wifi, mais aussi les codes QR (des code-barres 2D recélant suffisamment d’informations pour ouvrir une page Internet, par exemple), et bien d’autres qui émergeront dans les prochaines années.

- Chaque objet ainsi “tagué” par une puce ou un code-barre pourra être lu grâce aux appareils adéquats : téléphones mobiles compatibles, lecteurs RFID domestiques (tel que le Mir:ror connecté au port USB d’un ordinateur), etc. Il suffit ainsi de passer le lecteur adéquat à proximité d’un objet pucé pour ouvrir une page Internet, télécharger des données ou lancer une application préalablement définie.

- L’Internet des Objets ne se résume évidemment pas à ce jeu de puces et de “tags”. Les objets communicants peuvent ainsi être reliés, par le réseau filaire ou non, à une box connectée à l’Internet. C’est notamment le pari de la box IJENKO, qui agrège les consommations énergétiques de tous les appareils connectés par un réseau de capteurs.

Soulignons enfin, dans la définition mentionnée plus haut, l’importance donnée… aux données. A l’heure où la donnée est au coeur de tous les enjeux (web des données et web² proposé par O’Reilly…), celle produite ou enregistrée par les objets communicants est évidemment le point de convergence des acteurs du marché.

Quelles perspectives pour l’Internet des Objets ?

C’est en effet cette compétence à faire naviguer de la donnée entre les objets et la Toile qui donne tout son intérêt à l’Internet des Objets. Les usages envisagés sont multiples (infinis ?). Livrons nous à un petit exercice de prospective. Imaginez un monde où chaque objet serait “cliquable”… Votre grille-pain pourrait imprimer le bulletin météo du jour ; un article de journal serait “augmenté” d’un reportage à visionner sur YouTube ; vous pourriez laisser des commentaires sur une photographie, que votre famille pourrait consulter ultérieurement ; ou encore programmer à distance l’ensemble de vos appareils électroménagers ; etc. Des perspectives dont beaucoup rêvent depuis longtemps…

Ces initiatives prometteuses existent depuis quelques temps : Touchatag d’Alcatel-Lucent ou le Mir:ror évoqué plus haut avaient été dévoilés en 2008, avec l’ambition déjà de démocratiser les RFID. Force est de constater que ces usages n’ont pas trouvé l’audience espérée. Il est nécessaire de s’interroger sur ce “retard à l’allumage”.

Vers un Internet des Objets “utile”

D’aucuns ont pointé du doigt l’écart entre les perspectives proposées par ces innovations et les attentes concrètes du public. Il est sympathique de lire les actualités sur la Toile en passant simplement sa tasse à café “pucée” sur un lecteur RFID, comme le proposait par exemple le Mir:ror ; mais cela correspond-il réellement à la réalité du petit déjeuner des ménages ? L’Internet des Objets se serait-il égaré dans ses rêves de science-fiction ?

L’Internet des Objets appelle une vision et des perspectives plus utiles que la simple dimension “gadget” qui reste malheureusement souvent mise en avant. Le “web napperon” propose par exemple de mettre à profit les puces RFID pour favoriser les interactions inter-générationnelles. Une personne âgée pourra ainsi aisément consulter les photos et vidéos de ses petits enfants, sans passer par l’interface complexe d’un ordinateur. Un bel usage social – et l’on rappellera que la dimension “sociale” fait partie intégrante du développement durable, aux côtés des dimensions environnementales et économiques.

Il se dévoile, derrière cet exemple, une voie d’innovation qui conduira certainement l’Internet des Objets vers un usage massifié : celle d’un Internet des Objets au service du “développement durable numérique“, comme le soulignait François Denieul en introduction d’une émission prochainement diffusée sur TechTocTV et à laquelle participait Serge Subiron.

Serge parlait aussi “d’Internet des Objets utile“ sur le plateau des DécideursTV. “Utile” ? Evidemment, s’il permet par exemple d’optimiser ses consommations énergétiques… et donc non seulement de réduire sa facture personnelle, mais aussi de permettre aux fournisseurs électriques de mieux gérer les consommations globales du réseau. Cette voie du durable, qui s’ouvre avec les “compteurs intelligents” et d’autres usages sur lesquels nous reviendrons dans de prochains billets, s’annonce incontournable.

Billet initialement publié sur le blog d’IJENKO

Photo Filippo Vancini (MuCEM) sur Flickr : le web napperon évoqué dans le papier, présenté dans le slideshare ci-dessous.

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Lift France : Marseille prend l’ascenseur vers le futur http://owni.fr/2009/06/12/lift-france-marseille-prend-lascenseur-vers-le-futur/ http://owni.fr/2009/06/12/lift-france-marseille-prend-lascenseur-vers-le-futur/#comments Fri, 12 Jun 2009 15:01:19 +0000 Guillaume Ledit http://owni.fr/?p=1585 banner_web_liftfing


La conférence internationale sur les nouvelles technologies, née à Genève en 2002, atterrit au Palais du Prado à Marseille, les 18, 19 et 20 juin 2009. Mais qu’allons-nous y découvrir ?

Lift (littéralement l’ascenseur), drôle de nom pour une conférence sur les nouvelles technologies ? D’autant plus que cet ascenseur-là ne nous conduit pas dans les allées d’un salon comme on en a l’habitude, mais dans celle d’une conférence d’un autre type où se croisent hackers, designers, chercheurs et entrepreneurs. Des intervenants en provenance du monde entier qui viennent à Marseille pour réfléchir et échanger sur les impacts de la technologie sur nos vies.

De quoi sera-t-il question ?

Les trois jours de conférence portent sur trois sujets en prise avec l’évolution de l’innovation. Il sera notamment question de “l’internet des objets”, c’est-à-dire de comprendre les transformations que va produire l’arrivée du réseau jusqu’à nos objets quotidiens. Quand nos parapluies clignoteront à la porte de nos maisons pour nous signaler de ne pas les oublier parce qu’ils ont reçu du service météo l’information qu’il va pleuvoir. Quand tout un chacun sera capable de construire son tee-shirt clignotant et connecté… Quels sont les enjeux de cet internet qui après avoir connecté les ommes entre eux, s’apprête à connecter tout le reste ? Pour Daniel Kaplan, délégué général de la Fondation internet nouvelle génération (Fing), coorganisateur de l’évènement : “Il y a une ambition transformatrice dans l’internet des objets comparable à celle qui anime l’imaginaire d’internet”. Car en transformant le rôle des objets via l’internet, le but est aussi de transformer notre rapport aux objets.

Autre sujet au coeur de ces deux jours : le développement durable et les nouvelles technologies. C’est-à-dire comprendre en quoi le changement climatique est causé par le comportement humain et en quoi la conception même des technologies peut nous aider à changer nos comportements. Comment permettre à chacun de mesurer l’impact de ses actions sur la planète pour en avoir conscience ? Et d’évoquer notamment ces compteurs d’eau ou d’électricité qui vous aident à réduire vos dépenses en vous les affichant sous les yeux…

Une conférence sur l’innovation ou sur la politique ?

Dernier sujet : “l’innovation sociale”. Sous cet étrange vocable, se cache en fait toute une branche de l’innovation qui se veut plutôt non technologique et qui est faite par les gens plutôt que par les ingénieurs. Comment chacun d’entre nous et tous collectivement pouvons-nous être des innovateurs du quotidien ? Au croisement de l’économie sociale et solidaire ou de la démocratie participative, s’inventent, de par le monde, de nouvelles formes d’implication des citoyens dans la vie de la cité, dans la redéfinition et la rénovation des services publics. Ainsi, on voit des hôpitaux travailler avec des patients atteints de maladies mentales pour qu’ils coconçoivent les services dont ils ont besoin. L’idée est d’utiliser des méthodes d’animation pour inviter les gens à concevoir les services publics qu’ils utilisent : que ce soit les usagers (et les non-usagers) du réseau de transport qui définissent les itinéraires, les horaires et les services accessibles depuis les transports en commun qu’ils utilisent, que ce soit de réduire le taux de maternité des adolescentes en concevant avec elles des méthodes de prévention efficaces pour faire chuter la maternité adolescente.

Décidément, c’est à croire que sous couvert d’innovation, cette conférence va essentiellement parler de politique !
Toucher du doigt l’avenir des technologies

Mais Lift, ce n’est pas seulement de grands discours d’experts sur l’avenir qui nous attend ou que nous pouvons façonner de nos mains. C’est aussi l’occasion de toucher et d’essayer des prototypes fonctionnels pour se plonger dans le futur. En essayant les vêtements communicants de Natacha Roussel, qui transmettent les données biologiques des personnes qui les portent. En portant la montre verte, une montre équipée de capteurs environnementaux permettant de mesurer le bruit et l’ozone et faisant de chaque citoyen qui la porte un capteur mobile de l’état de notre environnement immédiat. En essayant le casque de réalité augmentée d’Adelin Schweitzer qui nous interroge sur les limites de notre perception et sur les contraintes que peuvent nous imposer les machines vidéo. En jouant du Karlax, un instrument de musique imaginé par Rémi Dury, qui capte nos gestes pour les transformer en symphonies…

Un évènement phare de l’innovation ?

Avec un public en provenance de 45 pays différents, dont au 2/3 étranger, les organisateurs de la conférence pensent dépasser l’objectif initial des 500 participants attendus et imposer ce nouveau rendez-vous dans l’agenda évènements majeurs sur les nouvelles technologies, plutôt rares en France. Vu le succès des autres éditions de Lift en Asie ou en Europe, c’est tout le mal qu’on leur souhaite. En tout cas, ce sera une belle occasion de croiser l’écrivain de Science Fiction Bruce Sterling ou Gunter Pauli le directeur de l’initiative de recherche pour les émissions zéro carbone, ou encore Rob van Kranenburg, un théoricien hollandais de l’innovation assez stimulant … Des noms pas nécessairement connus du grand public, mais un ensemble de penseurs et de bricoleurs qui devrait assurer l’originalité de la rencontre.

Disclaimer: Owni est partenaire de cet évènement, bénéficiez à ce titre d’un tarif réduit en utilisant le code promo “lift09-RWW” lors de votre inscription (le prix de la conférence passe ainsi de 750€ à 450€).

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