OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Drumbeat Festival: apprendre de et avec le web ouvert http://owni.fr/2010/11/04/liveblogging-drumbeat-festival-apprendre-de-et-avec-le-web-ouvert/ http://owni.fr/2010/11/04/liveblogging-drumbeat-festival-apprendre-de-et-avec-le-web-ouvert/#comments Thu, 04 Nov 2010 13:21:21 +0000 Guillaume Ledit http://owni.fr/?p=34688 Devant le musée d’Art Contemporain de Barcelone, quelques tentes, un “Hackbus”, et des dizaines de geeks circulant entre les différents lieux consacrés au Drumbeat Festival. Sous l’égide de Mozilla, cette rencontre entre ingénieurs, professeurs, étudiants, hackers-bidouilleurs et militants d’un web libre et ouvert fait la part belle aux initiatives à portée éducative sous le slogan:

Learning, Freedom, and the Web

Si l’on souhaite qu’Internet transforme la société, c’est bien par l’éducation qu’il faut commencer, ce que tentent de démontrer avec passion les porteurs de projets présents sur les lieux. De manuels scolaires fonctionnant sur le principe des wikis à la façon d’utiliser au mieux Wikipedia en classe, de l’importance des Creative Commons dans la diffusion du savoir aux bonnes pratiques pour les professeurs,  OWNI vous propose sa couverture live de l’évènement. En commençant par une interview du président de Mozilla Europe, Tristan Nitot.

[ITW] Tristan Nitot: “on sous-estime énormément la puissance de l’Internet”

Quelles sont les motivations qui ont conduit Mozilla à organiser un tel évènement ?

Mozilla aujourd’hui est connu principalement pour Firefox, qui est un succès avec 400 millions d’utilisateurs. Ce que peu de gens savent, c’est que la vocation de Mozilla n’est pas simplement de faire du logiciel ou un navigateur: on est une organisation à but non-lucratif.

Ce qu’on veut, c’est qu’Internet reste ouvert et participatif.

Il se trouve que Firefox est un outil au service de cette mission. Aujourd’hui, c’est bien parti, notamment en Europe. Il n’est pas question d’abandonner Firefox, et on continue à investir dans son développement, mais on commence à relever le nez du guidon. On a réussi à rétablir la concurrence au niveau des navigateurs, ça fonctionne: il y a Chrome, Safari, Internet Explorer 9 est prometteur…

Pourtant, on se dit qu’il faut voir plus large, plus loin. Et c’est là que Drumbeat entre en scène. C’est le tout début: on a eu quelques évènements locaux mais c’est le premier évènement de grande ampleur, qui réunit des participants du monde entier, avec des profils très différents. On se sent moins seuls, entourés de gens qui ont envie de réinventer la société autour de ce qu’Internet a déjà changé.

L’objectif est de mettre des gens ensemble, de recenser des projets et de les faire fructifier dans l’idée que le web ouvert devienne un mouvement plutôt que des initiatives isolées. Il s’agit donc de fédérer, de faire prospérer ces différents projets.

Pourquoi se focaliser sur l’éducation ?

On vient du logiciel libre, on parle à nos communautés qui ont bien compris l’intérêt du hacking, au sens de bidouillabilité. Prendre l’objet, le transformer, en faire ce qu’on veut, le modéliser pour l’améliorer: tout cela est fait par une population extrêmement réduite et particulière. Il s’agit d’individus entre 20 et 40 ans, souvent des hommes… A côté de ça, il y a d’autres mouvements ou initiatives qui n’utilisent pas forcément les ordinateurs. Les créateurs de makemagazine par exemple, ont une approche comparable mais avec des compétences et outils différents: colle et scotch, plutôt que code… L’approche, pourtant, est comparable, tout comme celle des gens de Wikipédia ou des bibliothécaires présents ici aussi. On se dit qu’on a la possibilité de prendre l’Internet comme terrain de jeu. Les énergies de ces différents profils et les capacités techniques des bidouilleurs informatiques font émerger des projets qui peuvent vraiment changer quelque chose.

Et si on veut vraiment changer les choses, autant commencer par l’éducation.

En dehors du fait de créer un évènement au cours duquel les gens se rencontrent, quels sont les objectifs du festival, est-ce que Mozilla a prévu de financer certains projets?

Ce qu’on veut, c’est créer un bouillonnement créatif duquel émergeront des bonnes idées, et des moins bonnes. Il s’agit de faire remonter les meilleures idées à la surface, “bubble-up”, comme on dit. L’argent n’est pas particulièrement un problème. Déjà, on ne fait pas ça pour l’argent. Quand on parle de projets web, il n’y a pas besoin d’argent pour faire des choses extraordinaires. D’où l’importance de la neutralité du net, soit-dit en passant.

L’Internet est une formidable machine à copier de l’information et du code. A partir du moment où le code est écrit, il n’y pas de problème de passage à l’industrialisation. Internet est un levier qui fonctionne à merveille. Il s’agit donc de faire émerger les meilleurs idées et les meilleures pratiques à tous les niveaux: du code au niveau social, pour permettre aux gens de participer. Si on veut créer un mouvement, il faut que des gens qui sont pas des gourous de l’informatique puissent mettre le doigt dans l’engrenage, donner un peu de leur temps et obtenir rapidement une forme de gratification.

La barrière à l’entrée est suffisamment basse pour que les gens participent: même si il n’y a que quelques milliers de wikipédiens dans le monde, c’est suffisant pour qu’ils fournissent un service essentiel, et ce en quelques années. Je ne sais pas si on va aider à la découverte du prochain Wikipédia, mais l’idée est d’améliorer le monde: “hack the world” en faisant advenir un Internet, et je l’espère une société, plus ouverte et participative.

Assister à ce genre de festival, quand on suit au quotidien les développements d’Hadopi, de Loppsi ou d’ACTA, permet aussi de retrouver un peu d’optimisme. Vous partagez ce sentiment?

Il ne faut pas baisser la garde, tous les gens ici donnent énormément pour que ça marche. On assiste à l’éternel affrontement entre anciens et modernes. Les anciens sont toujours aux commandes, et ne comprennent pas ce qu’il se passe. Il faut donc rester vigilant, mais il y a un potentiel énorme: on sous-estime énormément la puissance de l’Internet. Ça fait des années que je compare Internet à l’invention de l’imprimerie. A l’ère de l’information, on a fait la télévision et la radio, qui sont fondamentalement centralisées, concentrées, avec un ticket d’entrée énorme: tant au niveau financier qu’à celui des régulations à respecter. Ce n’est plus le cas avec Internet.

Pour autant, je n’ai pas envie d’être perçu comme un révolutionnaire. Les gens de Mozilla, de façon générale, sont passionnés, engagés. On a été bénévoles pendant longtemps pour que Mozilla décolle. Fondamentalement, on a une opportunité au niveau de l’humanité aujourd’hui, et on veut lui donner la possibilité d’exister. Il s’agit de s’assurer que cette opportunité extraordinaire qu’est l’Internet ne succombe pas sous les coups de boutoirs des gens en place qui ont peur de ces changements, parce qu’il n’y comprennent pas grand chose.

Pourtant, on est face à la révolution du savoir. Il ne s’agit pas de savonner la planche de qui que ce soit. On veut la mort de personne, mais simplement que les gens aient accès au savoir: que l’humanité saisisse pleinement l’opportunité que représente Internet.

Les battements numériques du Drumbeat

Crédits photos par homardpayette sur le compte FlickR de Mozilla, et ceux de Henrik Moltke et Zbigniew Braniecki

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Votre historique mis à nu http://owni.fr/2010/06/01/votre-historique-mis-a-nu/ http://owni.fr/2010/06/01/votre-historique-mis-a-nu/#comments Tue, 01 Jun 2010 14:05:43 +0000 Nicolas Kayser-Bril http://owni.fr/?p=17029 Facebook est célèbre pour ses atteintes à la vie privée. Google est souvent présenté comme une hydre assoiffée de données personnelles. Mais depuis plus 10 ans, nos navigateurs comportent des failles de sécurités béantes et potentiellement beaucoup plus dangereuses pour votre vie privée qu’un profil Facebook mal sécurisé.

Ci-dessous le résultat du scan de votre historique:

Quel internaute es-tu?

Votre personnalité révélée par votre historique de navigation.
URLs détectés
 

94% de navigateurs uniques

Le site Panopticlick, développé par l’Electronic Frontier Foundation (EFF), scannait les paramètres de votre navigateur (polices de caractère installées, liste des plugins etc.) pour en extraire une empreinte personnelle. L’étude réalisée avec les données récoltées a montré que 84% des navigateurs étaient uniques. En d’autres termes, votre navigateur ne partage son empreinte qu’avec 1 seul autre sur 286 777 ! Si vous avez installé Flash ou Java, c’est encore pire : 94% des navigateurs testés avaient une signature unique. Même si la signature évoluait dans le temps (mise à jour des plugins, par exemple), l’équipe de l’EFF était capable de lier la nouvelle signature à l’ancienne dans 99,1% des cas.

On peut gloser sur les cookies, qui permettent d’identifier les internautes et que la Commission Européenne cherche à encadrer, les moyens de suivre les internautes à la trace ne manquent pas.

Votre historique mis à nu

Dans la même veine, votre navigateur peut révéler votre historique de navigation à n’importe quel site, qu’il ait installé l’Open Graph de Facebook ou pas. En utilisant Javascript et les feuilles de style, 2 piliers du web depuis plus de 10 ans, on peut facilement déterminer quels sites vous avez visités.

Le site What the Internet Knows about You , démonstration la plus récente de cette faille, cherche certains sites dans votre historique de navigation et vous présente ses trouvailles (explications techniques ici).

Imaginez-vous dans la peau du webmaster du site du ministère de la Défense. Ca ne vous démangerait pas d’avoir une alerte à chaque fois qu’un utilisateur ayant visité les sites du Hezbollah ou  ayant téléchargé l’Insurrection qui vient débarque sur le site? Et que diriez-vous, en tant que chef de produit chez Meetic, d’une offre différenciée pour ceux qui fréquentent Oumma.com ou Gay.fr ?

On s’est essayé à l’exercice, en vous proposant un test de personnalité où seul votre navigateur répond aux questions. Le programme passe en revue une liste de 84 sites et détermine votre profil en fonction de ceux que vous avez visité.

Ne soyez pas vexé si le test n’est pas concluant. En effet, le script ne différencie pas les sites sur lesquels vous êtes passé une fois l’année dernière de ceux sur lesquels vous passez vos journées. En poussant un peu, on pourrait connaitre le nombre de pages visités sur chaque site, et ainsi raffiner le résultat. Mais votre historique ne stocke pas la date des visites (c’est déjà ça).

Alors, fail ou fake ? Une chose est sûre : quand il n’y a pas d’humain pour trier les données, les algo ne servent pas à grand-chose ;)


Photo CC Stéfan et Dunechaser

Retrouvez les deux autres articles de ce troisième volet du manuel de contre-espionnage informatique : Gorge profonde: mode d’emploi et Retour sur 10 ans de Big Brother Awards.

Retrouvez également le premier et le second volet de notre série sur le contre-espionnage informatique.

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Frontières digitales http://owni.fr/2010/03/17/frontieres-digitales/ http://owni.fr/2010/03/17/frontieres-digitales/#comments Wed, 17 Mar 2010 12:23:58 +0000 Cyroul http://owni.fr/?p=10242 Cyril Rimbaud, aka Cyroul,  dresse dans ce billet “spécial-soucoupe” un état des lieux des frontières digitales et envisage leurs évolutions futures. Car le digital est un territoire, c’est-à-dire un espace à la géographie mouvante, basée sur des spécificités naturelles ou technologiques, des appartenances culturelles ou linguistiques…”

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Digital is not a media, it is a territoryannonçait il y a 2 ans le suédois Måns Tesch (Digital Strategy Director et initiateur de l’immense saga digitale de Stella Artois).
Effectivement, le digital* est un territoire, c’est-à-dire un espace à la géographie mouvante, basée sur des spécificités naturelles ou technologiques, des appartenances culturelles; linguistiques ou même juridiquement différentes.

Et qui dit territoire, dit frontières. Les frontières du digital existent. Ce sont des limites évidentes ou pas, qui se forment et se déforment au grès des migrations des internautes et du grand jeu géo-politico-social des grands e-conquérants d’aujourd’hui, futurs e-gouvernants de demain.
Alors l’internaute saura-t-il s’affranchir de ces frontières digitales ou deviendra-t-il captif de ces grands territoires numériques ?

Des frontières sans avenir

Les frontières les plus visibles des territoires du digital sont les frontières matérielles. Les différences sont immédiates entre un téléphone mobile, le GPS d’une voiture, une console de jeux vidéo ou une télévision HD. Des frontières évidentes donc, mais temporaires, car elles disparaissent peu à peu.

D’ici 2 ans, en effet, de manière tout à fait naturelle, vous jouerez avec votre ordinateur de voiture et vous surferez sur le web avec votre télé (téléphoner avec son ordinateur et surfer avec son téléphone mobile ne sont-ils pas déjà des usages actuels ?). Ces frontières matérielles vont donc s’effacer pour vous permettre une connexion permanente, où que vous vous trouviez. Oublions donc ces frontières obsolètes !

D’autres frontières en voie de disparition vont être les frontières des services Internet. Il y a 10 ans, il fallait en effet s’y connaitre pour savoir utiliser d’autres protocoles que les traditionnelles http et smtp (respectivement réservés au web et aux e-mails). Aujourd’hui, vous manipulez les protocoles irctelnet ou même ftp sans vous en rendre compte. Suivant la philosophie du tout-en-un instaurée par Firefox, les nouvelles générations de navigateurs vous permettent de mélanger tous les protocoles de services. Vous pouvez lire vos mails, chatter, utiliser le FTP, et tout ça avec un seul outil.

Bientôt votre OS (Operating System comme Windows ou MacOS) sera lui-même une sorte de gros navigateur web et tous vos services seront on-line. Non, ces frontières n’existeront plus (sauf pour un développeur informatique), alors n’en parlons plus.

Au delà de ces frontières très matérielles, on trouve des frontières d’expertise qui vont isoler le débrouillard (digital smart) du profane (digital less). Le digital smart, c’est celui qui agrège ses flux RSS sur Netvibes, qui utilise Delicious pour ne pas perdre ses bookmarks, qui utilise une dizaine de moteurs de recherche spécifiques, qui sait gérer sa e-reputation lui-même. Le profane c’est celui qui lance une recherche via le portail de son FAI, qui ne comprend pas pourquoi des photos de lui à poil se promènent sur la toile, qui ne sait jamais retrouver le site génial qu’il a vu il y a 2 semaines, qui passe le plus clair de son temps à remplir des formulaires d’inscription à des concours et le reste à supprimer le spam de sa boite e-mail.

Heureusement, il s’agit de frontières faciles à franchir. Un peu comme dans la vraie vie en fait. Il suffira de se renseigner, d’avoir de bons amis, et de beaucoup travailler et votre expertise grandira. Évidemment tout ça prend du temps. Et ce sera à l’internaute de voir si cet investissement personnel vaut le coup ou s’il continuera à croire ce que lui dit son pourvoyeur de média favoris. Et puis une génération chassant l’autre, l’expertise va se déplacer (votre vieille maman sait se servir d’un e-mail non ?).

De vraies frontières insoupçonnées

Mais votre môman, qui ne parle que le Français, va éviter de se promener sur des sites écrits dans une langue étrangère. Elle va se heurter aux frontières du langage, frontières que l’on retrouve dans la vie réelle, mais qui sont encore plus évidentes sur Internet. Mais plus qu’un problème de traduction, les véritables frontière entre les sites sont des frontières culturelles, reliées à des typologie d’utilisateurs utilisant constamment moult abréviations, acronymes, et autres références cryptiques qu’elle n’arrivera pas à déchiffrer.

P eu à peu se créent des vocabulaires propres à des populations précises. Le langage spécifique et l’absence de besoin de votre môman la tiendront éloignée définitivement de ces territoires qui lui seront ouverts, mais qu’elle n’explorera jamais. Alors forcément, votre mère ne sait pas lire le L337 couramment. Mais vous-même, arrivez vous à lire le langage sms d’un skyblog sur Tokyo Hotel ? Ou encore le blog d’une guilde de MMORPG ? Ou encore un forum de passionnés de Unoa ? Illisible pour vous, ces frontières vous resteront à jamais inviolables si vous n’apprenez pas ces langages (et comme vous n’y voyez aucun intérêt pratique, vous ne risquez pas d’y mettre les pieds…).

Votre voyage dans le territoire digital va forcément dépendre de vos besoins. Et les besoins des Internautes étant tous différents, ceux-ci vont dessiner les contours des territoires numériques. C’est là que se dressent les frontières des usages. Vous avez besoin d’un itinéraire précis pour votre week-end à la campagne ? Hop, faites un tour dans le territoire des mappeurs/géographeurs, vous voulez acheter un cadeau pour la fête des mères ? vous voilà dans le royaume du consommateur pressé, besoin d’une petite pause détente ? direction les collines verdoyantes des jeux en ligne, besoin de calmer votre libido ? hop direction l’océan des sites de charme, besoin de glander au bureau ? butinez dans la galaxie des blogs gossip, etc., etc.

Ces territoire sont construits par des entreprises (services web, publicités, FAI) dont l’objectif principal est de créer de l’audience récurrente, c’est-à-dire d’attirer le plus possible d’habitants sur leur territoire. Ils se livrent donc de farouches batailles à coup d’investissements massifs dans des bannières de pub, d’achat surprise de mots clés, de SEO illégal ou même de campagnes de calomn-e. Car ceux qui arrivent à attirer le plus d’audience auront les territoires les plus peuplés, et de ce fait les plus riches.

Une représentation des territoires numériques. Cliquez pour télécharger /-)

Une représentation des territoires numériques. Cliquez pour télécharger /-)


Des arguments libertaires pour mieux construire des frontières liberticides

Le plus grand argument de vente depuis l’avènement de la techno-conso est la maîtrise de la complexité (par exemple votre lecteur iphone est bourré de technologie de pointe, mais il n’a qu’un gros bouton en façade). Depuis 3 ans, la plupart des grands empires du digital (google, microsoft, yahoo, myspace, orange, …) ont donc axé leurs efforts sur la simplification des potentialités du digital.

Car vous pouvez tout faire avec le digital, oui, mais comment ? Alors, eux vont vous l’expliquer. Le premier pas pour créer des ponts entre les frontières vues auparavant a été la création de pages permettant d’accéder à l’information. Google a ainsi crée le moteur de recherche, outil le plus primitif pour trouver une information sur le web. Yahoo au départ moteur de recherche s’est, lui, recentré sur la création d’un portail suivi dans ce sens par MSN, Orange (et la plupart des fournisseurs d’accès à Internet).

Mais plutôt que de simplement guider l’internaute dans la jungle du web, ces e-empires ont décidé d’immerger l’utilisateur dans le digital, en lui faisant découvrir les outils de demain (c’est-à-dire les services web qu’il pourra facturer ou monnayer d’ici quelques temps). Ces e-conquérants ont multiplié les contenus et expériences digitales accessibles à partir de leur page d’accès. Ils ont ainsi acheté ou développé des partenariats avec des réseaux sociaux, des outils pour créer son blog, pour afficher des itinéraires, la météo, les programmes tv, pour gérer ses photos, de la musique, des vidéos, des jeux vidéos, et même des boutiques en ligne. Ils ne s’en cachent pas.

Alors sous prétexte de supprimer ces frontières, ces grands e-empires renforcent la profondeur de leurs séparations, afin de rendre l’utilisateur captif de leur territoire. L’empêcher de fuir, de quitter leur royaume. Pourquoi aller ailleurs alors qu’il y a tout ce dont il a besoin ici ? Les frontières digitales de demain se créent véritablement ici et, maintenant, dans cette grande bataille d’offre de contenus et services gratuits aux internautes perdus dans la jungle digitale.

Ségrégations digitales en vue

A quoi ressemblera le territoire du digital dans 4 ans ? Nul ne peut le dire avec précision. La pangée Internet originelle va se transformer et s’organiser au gré des batailles et des victoires de ses e-conquérants. Mais si on ne peut prédire sa géographie définitive, il est certain qu’on y trouvera au moins 3 aires définies par leurs usages et population :

1> Des lieux étanches aux frontières fortement fermées réservées à une population très identifiée (par le numéro de CB, leur identifiant numérique, ou encore pire, leur numéro de sécu) au contenu entièrement filtré et surveillé. Véritables ghettos numériques, ce seront les grands réseaux privés des entreprises, des FAI et des gros pontes du web (msn, google, yahoo, facebook, …), de producteurs exclusifs de contenus (à l’instar de la BBC) et également de certains pays (Chine).

2> Des lieux où l’on pourra trouver un contenu moyennement surveillé où se déroulera la guerre des pontes ci-dessus. Des lieux de liberté contrôlés partiellement par les états (ou les corporations qui les auront remplacés) qui feront ce qu’ils peuvent pour maintenir un semblant de contrôle dans un système qui ne s’y prête pas. Hadopi est l’exemple type de cette tentative de contrôle inutile.

3> Et de véritables zones de liberté digitales (des zones d’autonomie temporaire chères à Hakim Bey), véritables zones franches où se côtoieront les hackers fous, les cyber-punks arty, les chercheurs d’e-motions fortes, les para-religieux, les salar-e-men véreux et des harcore gamers. Où l’on pourra trouver, acheter, voler tout ce qu’on veut, mais aussi ce qu’on ne veut pas forcément. Zones sans surveillance, au langage et aux coutumes spécifiques, elles nécessiteront de s’y connaître en technologie et usages, sous peine de ne pas réussir à s’en sortir sans casse.<

Google/Yahoo/Microsoft Free Zone

Google/Yahoo/Microsoft Free Zone

Frontières digitales = frontières de liberté

Ces 3 frontières, dont les contours s’esquissent déjà aujourd’hui, sont prévisibles, et inéluctables. Elles vont entrainer une séparation entre les voyageurs digitaux “libres” (qui peuvent passer d’une frontière à l’autre) et les autres, prisonniers d’un territoire qui leur a été attribué. Les libertés individuelles ne seront pas les mêmes en fonction du territoire où vous vous trouverez.

Dans les premières zones, le moindre de vos faits et gestes (messages personnels inclus) sera observé et analysé par de grands serveurs CRM, aboutissement ultime des fantasmes des marketers publicitaires et qui proposeront une analyse comportementale personnalisée. Ainsi votre maman qui vous écrit car son chat a des problèmes de digestion, recevra dans sa boite aux lettres une réduction pour une boite de laxatif félin. Ca existe déjà. Ce qui n’existe pas encore, c’est une descente de police à votre domicile quand vous parlerez par visio-conf de votre collection de films téléchargés illégalement à vos amis de travail. Mais ça ne devrait tarder. Alors que le vrai pirate lui, fréquentant les zones de libertés digitales ne sera pas inquiété.

Les libertés individuelles du futur vont donc dépendre de votre connaissance de la technologie et des usages des territoires digitaux. Les geeks, nerds et autres explorateurs curieux auront plus de libertés que la population qui n’aura pas ces connaissances. Une des solutions évidentes pour préparer les libertés de demain est dans l’éducation.

Mais qui va éduquer ? Ceux qui ont voté pour Hadopi ? C’est pas gagné.

Heureusement pour moi, si il est trop tard pour des études d’avocat, je sais quand même crypter mon IP.

* Le terme “digital” est utilisé ici comme traduction du mot anglais digital (numérique). Numérique nous renvoyant à l’époque des autoroutes de l’informations (1995), nous lui préférons ce terme anglais, à la mode en ce moment. Les territoires digitaux regroupent le web, l’internet mobile, mais également les consoles permettant du jeux vidéos en réseaux, les objets connectés (Nabaztag, GPS, etc.)

> Illustrations par Andrea Vascellari, par niallkennedy et par ottonassar sur Flickr

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