OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Les data en forme http://owni.fr/2011/10/07/data-crowdsourcing-segregation-sncf-ps-meteo-porn/ http://owni.fr/2011/10/07/data-crowdsourcing-segregation-sncf-ps-meteo-porn/#comments Fri, 07 Oct 2011 14:05:16 +0000 Paule d'Atha http://owni.fr/?p=82593 Une fois n’est pas coutume, ce sont les représentations d’un mouvement de foule, de son humeur ou de son opinion, ou de son empreinte géographique qui ont attiré notre attention cette semaine. Et c’est devant une nouvelle production de haut vol (en HTML5, forcément) du New York Times que nous nous pâmons le plus nettement : “What’s Your Economic Outlook?” [en] est une application de crowdsourcing développée par Tom Jackson, Daniel McDermon et Aron Pilhofer, ayant pour objet d’interroger les lecteurs sur leur sentiment face à l’avenir, pour leur propre travail, pour l’économie et les générations futures. Et naturellement, de se situer par rapport aux autres internautes de passage. Le rendu graphique, qui affiche l’ensemble de l’étude ou bien son contenu filtré par vos soins, est original et lisible, sans fioritures, et offre une photographie instantanée de l’échantillon – sans doute non représentatif de la population étasunienne – ayant répondu à l’enquête. Et pour les plus sociologues d’entre-vous qui souhaitent aller au-delà de la simple représentation graphique, les commentaires des internautes valent indéniablement le détour – tant pour leurs motifs d’espoir que pour les sentiments négatifs qui les parcourent assez globalement.

What's Your Economic Outlook?

“Aucune carte du monde n’est digne d’un regard si le pays de l’utopie n’y figure pas.” (Oscar Wilde)

Autre cartographie artistique du réel, “Les divisions raciales et ethniques dans les villes américaines“, remarquable travail d’Eric Fischer inspiré de la carto radicale [en] de Bill Rankin, et élaboré à partir des données du recensement de 2010. Le principe : chaque point équivaut à vingt-cinq citoyens, qui sont colorisés selon leur “race” (rouge pour les Blancs, bleu pour les Noirs, vert pour les Asiatiques) ou leur ethnie (orange pour les Hispaniques). Le résultat : la mise en avant par la couleur que la mixité sociale est un concept très théorique. A défaut d’obtenir ce genre de données pour la France, où la question des statistiques ethniques est un vaste débat, ce travail sur les États-Unis remplit bien son office : celui de nous faire cogiter sur nous-mêmes.

Race and ethnicity 2010

Restons dans l’ouverture des données et rapprochons-nous de la France pour découvrir, en ce jour de perturbations sur les chemins de fer de notre beau pays, une excitante initiative citoyenne : “Un train de retard“. Ce site d’information indépendant est “basé sur les données publiques distribuées par la SNCF” et agrège très intelligemment celles-ci en reconstituant un véritable tableau de bord statistique en temps réel de la qualité de service du rail. Reste à savoir si la SNCF glissera sur la pente dangereuse déjà empruntée par la RATP en la jouant un peu perso, ou si elle rendra hommage à ce bel ouvrage qui n’aurait pas été possible sans l’ouverture des données.

Un train de retard

La France, quand elle ne célèbre pas Steve Jobs, se prépare doucement à renouveler son état-major et la première étape passe par les primaires socialistes dès ce week-end. On se sera sans doute fait son idée en suivant les débats à la télévision, mais rien ne vaudra jamais une petite synthèse pour faire son choix – s’il en est un – parmi les candidats. A ce jeu, les experts du Figaro avaient ouvert le bal au mois d’août avec leur application “Les propositions des candidats à la primaire socialiste” et viennent d’être tardivement rejoints par les fines gâchettes du Monde dans leur visuel interactif “Primaire PS : comparez les propositions des candidats“. Sans être emballant esthétiquement, ni par le choix de la technologie employée (bref, j’ai fait un tableau en Flash), ce gros boulot de Samuel Laurent (#FF) et Alexandre Léchenet (#FF) doit figurer dans notre modeste veille hebdomadaire, sans la moindre hésitation.

Juste un truc : François Hollande aime la Hadopi. Faudra mettre à jour.

Primaire PS sur lemonde.fr

“La séduction est de l’ordre du rituel, le sexe et le désir de l’ordre du naturel.” (Jean Baudrillard)

Pour surfer sur la vague rose, un petit détour vers la moiteur et la sensualité #oupas, à travers deux maniements de la data cochonne : le premier, raffiné, dûment nommé “Every Playboy Centerfold, The Decades” [en], est le travail de l’artiste Jason Salavon, issu de sa série “Amalgames” [en], dont le principe est de produire une synthèse (vous voyez comme on est raccord) graphique d’un corpus d’œuvres pour en créer une finale. Ici, c’est l’ensemble des pages centrales de la célèbre revue Playboy qui est empilé dans un élégant flou quadrifide qui n’est pas sans rappeler vaguement le linceul de Turin. Voulu ou pas, l’effet qui s’en dégage est troublant : il semble qu’à travers les âges, le choix (inconscient ?) du magazine se porte vers des demoiselles en moyenne de plus en plus pâles. Une pensée pour Michael Jackson.

Every Playboy Centerfold, The Decades

Moins subtile, l’infographie un poil buzzy du site de recherche d’écoles et d’emplois dans la psychologie Online Psychology Degree, intitulée sobrement “Porn Addiction in America” [en], s’efforce de démontrer que les Étasuniens sont complètement drogués au porno. Rapprochée tout en nuances pour l’occasion à la prostitution (Argent + Sexe = Business), l’industrie de la pornographie arroserait le bon peuple de deux nouveaux films par heure aux États-Unis, et pas moins de 30 000 citoyens chauds comme la braise visualiseraient du cochon chaque seconde que Dieu fait. Pire, 70% du trafic Internet salace se ferait pendant les heures de bureau. Ce n’est pas en France qu’on verrait des choses comme ça arriver !

Porn Addiction in America

One more thing

S’il existe un autre sujet consensuel à l’humanité qui aura survécu haut la main à la migration des esprits vers le numérique et l’immatériel (hormis le sexe, donc), c’est bien la météo. Il existe un nombre indécent de sites web consacrés à cette science de l’improbable, qu’on aime critiquer pour leurs prévisions parfois détrompées par les faits, souvent par les espérances. Choisir “son” site météo c’est un peu comme devoir trouver son marteau chez Casto : c’est utile mais à la fin ils se ressemblent un peu tous. C’est à ce moment qu’entrent en piste Jacob Norda et James Diebel et leur concept : WeatherSpark [en]. En s’appuyant sur les données de weather.gov, de l’Institut national de météorologie de Norvège et des API des sites World Weather Online et Weather Central, les deux jeunes ingénieurs californiens ont monté une interface interactive de grande classe qui permet de naviguer dans la donnée, y compris dans le temps, de manière extrêmement intuitive et quasi ludique.

C’est clairement le frisson Flash du moment.

WeatherSpark

WeatherSpark


Retrouvez les précédents épisodes des Data en forme !

]]>
http://owni.fr/2011/10/07/data-crowdsourcing-segregation-sncf-ps-meteo-porn/feed/ 5
Christian Vanneste contre les branleurs du net http://owni.fr/2011/07/07/vanneste-porn-bullshit-loi-internet/ http://owni.fr/2011/07/07/vanneste-porn-bullshit-loi-internet/#comments Thu, 07 Jul 2011 13:55:55 +0000 Olivier Tesquet http://owni.fr/?p=73012 Mise à jour du 8 juillet: Puisque Christian Vanneste n’a pas le monopole de l’indignation, soulignons également l’initiative du très familial Reader’s Digest, qui veut protéger les enfants contre les cohortes de pédophiles déferlant sur Internet. Pour ce faire, ils ont même concocté un joli bouton que nous apposons ici:

Internet, c’est ça? Ou bien ça? Ou peut-être ça? Si vous voulez vous rincer l’oeil en déroulant du sopalin profitez-en, parce que ça ne durera peut-être pas. Christian Vanneste, le député UMP du Nord, vient de déposer une proposition de loi visant à circonscrire l’accès des mineurs aux sites pornographiques. “La pornographie, sans limite, envahit les foyers par le moyen d’internet et s’insère de manière pernicieuse dans la vie de nombreux jeunes”, écrit Vanneste, dont la plume virevoltante semble être portée par “le courage du bon sens”, la devise qu’il affiche fièrement sur la bannière de son blog.

Armé de sa morale, le truculent parlementaire n’en est pas à son coup d’essai. En 2007, déjà, il demandait au ministère de la Justice quelles mesures il comptait prendre pour “protéger les mineurs contre la pornographie”. A l’époque, le garde des sceaux lui répondait poliment que le cadre légal était a priori suffisant pour préserver les chères têtes blondes de la nation du stupre en streaming.

Cette fois-ci, Vanneste va plus loin et demande carrément d’amender la loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure, la fameuse Loppsi 2. Il voudrait ainsi que les sites pornographiques soient fermés par défaut, et que chaque internaute souhaitant accéder à leur contenu en fasse la demande auprès de son fournisseur d’accès. Ce qui déboucherait sur des courriers du type:

Cher service client, par la présente missive, je soussigné Olivier Tesquet, abonné n° 123456, certifie être majeur et vacciné, et demande l’autorisation de me divertir sur le site http://youporn.com. Merci de faire explicitement figurer cette information sur ma facture détaillée.

Pornographie = terrorisme

Sur le fond, Vanneste adapte une idée chère à Eugene Kaspersky, le leader russe de la sécurité informatique: la création d’un passeport numérique qui obligerait l’internaute à s’identifier avant d’accéder à un contenu. Pour mieux porter son projet, Vanneste a même mis en ligne une pétition. Celle-ci regroupe déjà plus de 750 signataires, pour qui la pénétration du Net ne doit pas passer par les enfants. Morceau choisi:

Il y a évidemment un lien entre la violence au collège ou au lycée et ce que les ados regardent sur leurs écrans. Quand protègera-t-on enfin efficacement nos enfants contre la pronographie (sic) qui fait des ravages aussi chez les adultes, dans les couples, dans les familles ? Cessons d’être laxistes, attaquons le mal à la racine ! Mettre en place des cellules psy après le meurtre ou le viol d’une mineure par un mineur me semble tout à fait insuffisant. Chers dirigeants, ayez le courage de prendre des mesures efficaces à l’encontre de cette forme de terrorisme qu’est la pornographie. D’avance, merci !

Même si les forces spéciales américaines ont retrouvé des vidéos olé-olé dans le repaire pakistanais d’Oussama Ben Laden, le lien entre le sexe et la sécurité nationale ne saute pas aux yeux, sauf à mettre en place un plan Vigipirate du cul qui ne passerait jamais au rouge. Surtout, et c’est toute l’ironie de l’affaire, Christian Vanneste attaque Internet dans son principe de neutralité. C’est maladroit, parce que Christian Vanneste aime profondément Internet. Il lui permet d’afficher ses opinions au nom de la liberté d’expression: homophobie assumée, plaidoyer pour la peine de mort et – donc – diabolisation de la pornographie. Le souci, c’est qu’il a visiblement une idée bien personnelle du réseau. A le lire, c’est la quatrième dimension, un monde parallèle à la Tron dans lequel l’internaute-machine porterait une combinaison en aluminium et des bottes en kevlar:

Internet représente un moyen de communication permettant d’avoir accès à un nombre d’informations quasi illimité à domicile. C’est donc la porte ouverte à toutes les réalités du monde représentées de manière virtuelle. Mais contrairement au monde réel, l’accès aux informations ne nécessite pas de démarches personnelles concrètes, longues, progressives et réfléchies. Tout s’y passe dans l’immédiat, dans la facilité, dans l’exhibition. La publicité y advient de manière intempestive à l’image de toute autre forme de promotion.

Pour sortir l’ami Vanneste des années 90, rien de tel qu’une petite profession de foi. Internet is for P0rn.


Crédits photo: Capture d’écran Youporn pixelisée sous Photoshop

]]>
http://owni.fr/2011/07/07/vanneste-porn-bullshit-loi-internet/feed/ 50
Le porno retombe amoureux http://owni.fr/2011/02/14/le-porno-retombe-amoureux/ http://owni.fr/2011/02/14/le-porno-retombe-amoureux/#comments Mon, 14 Feb 2011 10:12:01 +0000 Stephen Desaulnois http://owni.fr/?p=46517 Saint-Valentin, fête des amoureux et des regards qui plongent. Sainte-Pornographie, fête des culs claqués et des regards non cadrés. A priori, peu de rapport entre les deux, l’industrie aux milliards de revenus n’a que faire de l’amour, le profit ne faisant pas dans les sentiments, sauf si ces derniers deviennent une niche.

Sale job pour Cupidon

Déjà quarante ans que le porno « moderne » est apparu, il commence dans les années 70 avec l’idée de filmer la sexualité, les films sont scénarisés et les réalisateurs travaillent dur pour amener et contextualiser les scènes hards, bien souvent filmées de loin, pour respecter un minimum le travail de Cupidon. Passerelle entre le cinéma traditionnel et la libération sexuelle récemment « acquise », ces films jouent au maximum sur des histoires sous-jacentes volontairement floues et cette espèce de concept un peu surnaturel qui veut qu’une femme bien sous tous rapports tombe dans le vice et le stupre. Behind the Green Door (Artie et Jim Mitchell), The Devil and Miss Jones ou Nine Lives of a Wet Pussy (Jimmy Boy L aka Abel Ferrara). Une certaine idée de l’amour, récemment rééditée.

A cette époque, le film porno explose au cinéma, il devient une industrie très lucrative et plus le profit devient élevé plus les producteurs se concentrent sur ce qui fait son succès : le cul, le cul, le cul. Les années 80 marquent l’arrivée du porno à prétexte parallèlement à l’arrivée de la VHS, on oublie vite pourquoi madame se retrouve nue avec monsieur et on ressert les plans. Les clients veulent du hard, ils veulent voir comment on tape dur dans les chaumières. La psychologie se réduit rapidement à des concours de circonstance, le plombier et la fuite d’eau, la babysitter qui a perdu sa culotte, papa qui joue avec sa fille. Oui… il reste encore un peu d’amour mais plus au sein de la cellule familiale, c’est le temps de la série Taboo (réa Kirdy Stevens) qui fait la part belle à l’inceste et à ses dérivés. Le plus gros succès de l’époque.

Les années 90 arrivent et c’est l’âge d’or des seins siliconés et des gros plans gynécologiques. Difficile de trouver l’amour dans la chirurgie et dans ces yeux vides. C’est aussi l’arrivée massive avec Internet du gonzo. Cupidon est recalé à l’entrée car le film devient une scène, avec absence volontaire de scénario (c’est la définition même d’un porno « gonzo ») pour répondre aux besoins des consommateurs qui commencent vraiment à croire qu’on se fout de leur gueule avec ces scénarios bidons. Le gonzo, c’est le porno à l’état brut, on se concentre uniquement sur la baise, un lieu, des gens et c’est dans la boîte. C’est le sexe comme un sport, c’est la performance qui compte et le reste passe totalement à la trappe. Succès incroyable grâce au net et aux caméras numériques. Les grosses boîtes se font damer le pion par des jeunes geeks (BangBros, Brazzers) qui ont compris que la niche est l’avenir, multipliant les consommateurs potentiels et inondant le marché. Le 14 février n’a jamais été aussi éloigné qu’en ces temps. Sale job pour Cupidon.

Plus proche de nous, l’industrie est en « crise », victime des tubes : Youporn qui ouvre la brèche, Pornhub, Xvideos et les autres qui s’y engouffrent, auto-alimentés par les nouveaux acteurs millionnaires du secteur et du piratage. Des grosses boîtes il n’en reste plus beaucoup, mais elles sont actives et elles ont compris que pour combattre le banal il fallait faire dans l’exceptionnel. Les budgets alloués vont à contre-courant du système gonzo et on oriente la production vers Hollywood. Voilà plusieurs années que ces boîtes veulent qu’on recommence à regarder leurs films en entier, elles veulent vendre un produit complet et plus un simple support masturbatoire. Elles misent sur la qualité de la réalisation, de plus en plus bluffante, le jeu des acteurs et les parodies qui cartonnent et collent à l’original (The Big Lebowski, Seinfeld, Big Bang Theory…) ainsi que sur une vraie interaction sur le plateau. Pour séduire le puritanisme américain et pour coller toujours au plus près de la réalité, la sodomie dans ces produtions est en diminution sans parler des doubles pénétrations de plus en plus rares (encore la norme en France).

Un premier regard et l’amour repart

Ce qu’on reprochait au porno c’était ce manque cruel d’échange: les acteurs baisent et se finissent. Point. L’amour s’efface quand on passe son temps à se regarder. Pas étonnant que le spectateur se soit tourné vers l’amateur ou la sex tape. L’industrie a eu du mal à comprendre que ses « clients » étaient des gens « normaux » et surtout que le marché potentiel avait explosé avec l’arrivée d’Internet. L’accès au porno n’a jamais été aussi facile que depuis dix ans et représente à lui seul presque la moitié du trafic mondial. La jeunesse s’en gave gratuitement, les actifs se détendent après le bureau, et la ménagère ? Elle continue à frétiller devant des séries à l’eau de rose. Pour l’industrie elle n’est qu’une milf, donc une actrice au mieux. Mais les temps changent.

Depuis peu, les boîtes de prod ont commencé à miser sur la réalité dans la fiction, le spectateur veut se sentir immergé, il sait où trouver du cul gratuit et efficace alors il demande autre chose. Il veut tomber amoureux de l’actrice, il veut être à la place de James Deen, il veut qu’on (re)contextualise la baise, qu’elle se mérite. On voit arriver des scènes de comédie qui tendent à être le plus crédible possible et où le spectateur devient voyeur face à un jeu d’acteur où la frontière entre le plaisir et le travail s’amincit (NSFW).

Si l’industrie se penche sur la question, c’est qu’elle veut séduire un nouveau public : surprendre la jeunesse nourrie au gonzo (avec pour idée de les convertir à l’achat), séduire le public féminin de plus en plus nombreux et retrouver ses lettres de noblesse égarées au tournant des années 80, où l’œuvre est devenue produit en perdant sa marque culturelle. Si les filles s’y mettent, si le porno veut devenir respectable et mainstream, pourquoi ne pas tenter la ménagère ? Délaissée depuis, mais une niche au pouvoir d’achat énorme. C’est l’idée qu’à eu New Sensations (petite soeur de Digital Sin, un des poids lourds du milieu) avec sa série Romance.

L’amour, terrain vierge à exploiter

Ce sont des histoires d’AMOUR. Tout tourne autour de l’AMOUR dans notre série Romance

Voilà ce qu’on trouve en arrivant sur le site, des histoires d’amour et des sentiments purs comme les américains savent en pondre. Un concept pour attirer les femmes; c’est écrit noir sur blanc. Un produit, car les américains ont l’avantage d’être honnêtes, fabriqué pour séduire la ménagère. Des scènes relativement courtes (15 min au lieu des 30-40min habituelles), pas d’éjaculation faciale qui est la norme de 95% de la production mondiale et surtout des femmes qui vous ressemblent. Enfin, plus précisément des femmes à la sexualité active et explosive, c’est à dire des « performeuses » mais qui ressemblent à votre voisine ou à votre meilleure copine, ce qu’on appelle communément dans le jargon pornographique la “girl next door”. Du moins dans un idéal de beauté cinématographique, qui tend à sublimer la réalité, on est d’accord.

Des termes quasiment jamais employés dans la profession sont mis en avant : intimité, passion, interaction. En plein contre-pied du porno hardcore sans tomber dans les violons de l’érotisme et malgré une bande son sirupeuse il est bien question de pornographie. La séduction est la clé pour draguer de nouvelles utilisatrices, le cheval de Troie de New Sensations pour amener un nouveau public sur son marché plus classique. Le studio insiste également sur la notion de couple, on regarde ces films ensemble, sous la couette pour se réchauffer, on se passionne pour l’histoire (qui est digne d’Arlequin) avant de passer aux choses sérieuses. C’est un porno tendresse, un porno avec des cœurs et un bel emballage, dans le plus pur cliché de la Saint-Valentin.

Question réalisation, ça tient la route, l’utilisation des nouvelles caméras numériques donne une qualité d’image et une profondeur de champ qui n’ont rien à envier aux séries américaines. Les regards se croisent, les acteurs ont l’air de s’aimer, ils prennent leur temps avant de se déshabiller. Ils mettent des capotes, ce qui est assez rare dans le porno US (contrairement à la France où c’est obligatoire pour toute télédiffusion, charte du CSA oblige), peu de gros plans, on insiste sur la douceur et les effets de flou. La femme ne veut pas d’éjaculation faciale, aucun problème, l’acteur finira sa perf sur ses fesses, les seins ou le ventre (la capote, ennemie du cadre). Honnêtement on s’ennuie pas mal et le scénario à l’eau de rose n’est pas sans rappeler la puissance de Plus Belle La Vie ou des telenovelas mais sur ce marché sursaturé, Romance Series a le mérite d’innover.

Produit de consommation de masse mais encore très mal diffusé dans la société, le porno tente en reprenant les reines de l’amour et en se positionnant comme le petit frère fripon d’Hollywood de trouver la médiatisation qu’il devrait logiquement obtenir vue sa fréquentation. Probable futur cadeau des amoureux, il emboîte le pas des sex toys pour essayer de se frayer une place convenable dans le tiroir de la table de chevet. Cupidon peut retendre son arc, le business repart.

>> Photos FlickR CC UggBoy♥UggGirl [ PHOTO : WORLD : SENSE ] et Gemelosrt

Retrouvez notre dossier et la photo de Une de Marion Kotlarski, CC pour OWNI :

]]>
http://owni.fr/2011/02/14/le-porno-retombe-amoureux/feed/ 6
Culture porn japonaise : 4Chan se frotte au Hentai http://owni.fr/2011/02/14/4chan-manga-porn-hentai/ http://owni.fr/2011/02/14/4chan-manga-porn-hentai/#comments Mon, 14 Feb 2011 10:00:04 +0000 Patrick Peccatte http://owni.fr/?p=46091 Quand on lit les articles consacrés à 4 chan, y compris ceux publiés sur ce blog, on pourrait croire que ce site de partage d’images ne présente guère d’intérêt que par son célèbre board /b/. Cependant, si /b/ est bien le groupe le plus populaire et génère une grande partie du trafic de 4chan, la plate-forme demeure comme elle l’était à son origine un moyen actif d’échange et de discussion sur les mangas et animes japonais ainsi que sur l’ensemble de la culture populaire associée à ces productions graphiques. Il existe ainsi plusieurs boards regroupés sous le titre Japanese Culture qui ne sont d’ailleurs pas tous dédiés à l’échange de mangas. Ainsi, le groupe Cosplay & EGL (Elegant Gothic Lolita) est destiné aux discussions et images de jeux costumés sur les personnages de mangas.

Avertissement: le texte qui suit décrit de manière explicite certaines productions pornographiques dessinées ou enregistrées (photos, films) et contient plusieurs liens vers des images réservées à un public adulte (NSWF comme on dit en argot Internet).

Parmi les groupes réservés aux adultes, 4chan en propose 5 dédiés au hentai, c’est-à-dire aux mangas et animations à caractère pornographique: un board Hentai générique, Ecchi (plutôt érotique, non explicite et considéré comme la version soft du hentai), Yaoi (homosexualité masculine), Yuri (homosexualité féminine) et enfin Hentai/alternative. Ce dernier board regroupe les personnages les plus étranges parmi lesquels nous nous intéresserons ici uniquement au Futanari (figure féminine ayant un pénis masculin démesuré et capable d’éjaculations niagaresques), au Bakunyuu (figure féminine dotée de seins gigantesques et prolifiques) et enfin au genre Shokushu ou Tentacle représentant des monstres lubriques dotés de tentacules et dont l’origine remonte peut-être à un célèbre dessin d’Hokusai.

Tako to ama (Le poulpe et la chasseuse de perles, plus connu sous le titre: Le rêve de la femme du pêcheur), Hokusai vers 1820

Cette description rapide des certaines formes de hentai ne prétend pas être exhaustive ni même très précise. Elle reprend simplement une typologie couramment utilisée sur les multiples sites et blogs spécialisés. Ainsi, le site d’imageboards pornographiques fapchan [sic], dédié à la fois aux photos et aux dessins, utilise deux catégorisations distinctes pour chacun de ces types d’images et reprend une nomenclature hentai pour les dessins. Les catégories et sous-catégories du genre hentai sont cependant bien plus compliquées que cet aperçu, et pour en savoir plus, on lira avec intérêt l’excellent article A Short History of Hentai par Marc McLelland, les billets consacrés au japorn sur Le Tag Parfait (le site de la « culture porn »), ou bien encore cette liste de termes de hentai. Toutes les associations et mutations entre ces propositions graphiques sont aussi représentées, et le lecteur plus audacieux peut aussi consulter quelques sites: ici (en français), ou et (en anglais).

Si l’on se tourne maintenant du côté des sites probablement plus connus qui diffusent des contenus pornographiques enregistrés (photos ou vidéos), on constate par contre qu’ils ne proposent guère, dans le meilleur des cas, qu’une seule catégorie fourre-tout pour le hentai alors que leurs typologies des contenus non dessinés sont bien plus élaborées – cf. par exemple ces différents tubes: ici, ici, ici, ou ; l’un des plus connus ignore même totalement le hentai.

On constate donc une ligne de partage assez nette entre le hentai qui dispose de ses canaux internet spécifiques et la pornographie habituelle, proposant des contenus enregistrés, qui ne s’est pas encore véritablement approprié les productions dont nous parlons. Ceci reflète très certainement un clivage entre deux publics bien distincts.

Le hentai incarné

Le hentai utilise toute la palette des médias modernes: animations, dessins, jeux vidéos (eroge), Second Life, montages photoshops, etc. Il existe aussi certaines adaptations soi-disant cosplay, c’est-à-dire jouées par des femmes et des hommes (plus rarement) vaguement déguisés selon les productions graphiques de référence. À vrai dire, la dénomination cosplay semble dans ce cas usurpée puisque ces adaptations, qui relèvent de facto de la pornographie enregistrée (photo ou vidéo), mettent en scène des actrices et acteurs rémunérés (probablement des professionnels de l’industrie pornographique dans la plupart des cas).

Eroge

Ces transpositions photographiques ou vidéos d’univers dessinés, ces hentais incarnés, ne peuvent être réalisées qu’à partir de certains types d’images dessinées qui ne soient pas trop invraisemblables (exemples ici, ici, , ). Les genres ecchi, yaoi et yuri en particulier se prêtent mieux à ces adaptations que des hentai particulièrement extravagants où la figuration humaine serait impossible, sauf à utiliser de très coûteux effets numériques incompatibles avec la rentabilité à court terme recherchée par l’industrie pornographique. Les genres tentacle et futanari en particulier n’échappent pas aux inventions graphiques improbables dont l’adaptation avec des êtres humains reste inaccessible et surtout non rentable (voir respectivement ici et ).

Les versions dessinées et photographiques du hentai sont très souvent diffusées sur des supports internet distincts. Elles semblent s’adresser à différents publics, un peu comme si chacun de ces média générait un univers fantasmatique autonome. Les hentais dessinés et les hentais incarnés se côtoient mais ne se mélangent pas vraiment. Ainsi, il n’est pas bien vu de publier des versions photographiques sur les groupes mangas de 4chan; on s’expose alors à des commentaires désobligeants. Et pour le genre futanari, le site fapchan dont nous avons déjà parlé distingue soigneusement deux boards, drawn futanari d’une part et dickgirls, trans et photoshopped d’autre part.

Les productions de hentai incarnés les plus extravagantes sont pratiquement toutes nippones et mettent en scène des actrices et acteurs japonais. Pour nombre d’entre elles, disons-le franchement, elles semblent véritablement grotesques et même un peu perturbantes pour un public non japonais. Le genre tentacle en particulier parait être totalement autochtone et n’a apparemment jamais intéressé l’industrie pornographique occidentale (lire aussi ce billet sur Le Tag Parfait).

Futanaria et Mastasia

L’incarnation du futanari a d’abord été effectuée de manière basique sous la forme de fakes, d’images photoshoppées (ici, ici, ). Le procédé a même reçu le nom de futinization.

Les progrès réalisés par les équipementiers spécialisés ont ensuite permis l’apparition de vidéos qui mettent en scène des actrices grimées en futanari. Futanaria est le site commercial le plus connu proposant ce type de matériel graphique; plusieurs de ses productions sont disponibles sur différents tubes, par exemple ici, ici et .

Futanaria existe depuis 2008. Le site commercialise actuellement plus de 70 clips vidéos qui mettent en scène une trentaine de modèles dont l’accoutrement rappelle le cosplay hentai. Un site associé, Mastasia, propose également des clips inspiré du bakunyuu.

Ces courtes vidéos constituent de rares exemples d’adaptations de hentai réalisées par l’industrie pornographique occidentale. Les codes les plus évidents des genres dont elles s’inspirent sont respectés: engins démesurés et sécrétions démentielles, mises en scènes très approximatives, habillements stéréotypés et couleurs vives, absence de décors dans des intérieurs unis qui rappellent les aplats du dessin, cohérence des personnages d’une scène à une autre (les modèles disposent toujours du même équipement pneumatique personnalisé). Aucun « bêtisier » ou bonus n’est proposé, comme pour laisser croire qu’il s’agit de scènes tournées sans trucages. L’objectif est de rendre crédibles ces personnages et leurs activités improbables. Pourtant, l’artifice est manifeste non seulement dans les proportions des ustensiles employés mais aussi dans leur irréalité. Leur taille en effet ne varie pas au fur et à mesure de la progression de la scène vers l’acmé prolifique. Les mutations et croisements sont aussi au rendez-vous et quelques dispositifs à double pénis ou associations futanari+bakunyuu figurent aussi dans ces propositions filmiques.

Les amateurs de hentai dessinés sont partagés envers ces adaptations: ils apprécient ou détestent franchement.

À la différence d’autres adaptations de hentai au monde réel, comme pour le genre tentacle évoqué plus haut, les performeuses de ces sites ne sont pas japonaises mais représentent la variété de la société américaine – les modèles sont blanches, noires, métis, latinas, asiatiques.

L’appropriation occidentale de la porn culture japonaise

Dans un récent billet, André Gunthert compare quelques rares images fixes du prochain film de Spielberg sur les aventures de Tintin avec leurs modèles chez Hergé. Il aborde brièvement les conditions du succès de l’adaptation au cinéma d’une bande dessinée et conclut qu’ « un bon film est d’abord une proposition d’imagerie qui convainc en dehors de tout référent ».

Débarrassé de toute connotation esthétique, de toute allusion à ce que peut être un “bon” film et aux moyens mis en œuvre pour parvenir à une adaptation accomplie, ce sont ces concepts d’imagerie convaincante et de référent que l’on retrouve en fait à propos de la transposition du hentai en vidéo.

Le hentai incarné oscille entre fake et réalité. Certains genres demeurent essentiellement japonais (tentacle) tandis que d’autres ont réussi une migration et ont été adaptés au public occidental par l’industrie pornographique (futanari, bakunyuu). Ces adaptations peuvent fonctionner avec un référent ténu et même imperceptible pour le spectateur qui découvrirait ces productions sans connaître leurs modèles dessinés.
La récupération par l’industrie pornographique devient possible et commercialement rentable parce qu’elle a été précédée par une appropriation de certaines variantes bien spécifiques du hentai qui apparaissent comme des extrapolations de catégories « classiques » bien connues du spectateur habituel. Exprimé de manière triviale, Futanaria c’est du shemale++ et Mastasia du bigboobs++.

L’imagerie proposée ne convainc peut-être pas vraiment, mais elle fonctionne, elle est efficace selon le seul critère qui compte dans ce secteur, rappelé par l’illustration 4chan de l’adage The Internet is for porn. Elle s’insère dans une catégorisation bien établie, créant ainsi les conditions de l’adoption de nouveaux référents. Nous assistons bien ici à une récupération de certaines formes spécifiques de la porn culture japonaise par une industrie capable d’en proposer des variantes recevables sur son marché.

-
Publié initialement sur le blog Déjà Vu-Culture Visuelle, sous le titre : Dessins incarnés, le cas du Hentai
-
Crédits photos : Via Wikimedia Commons [Domaine Public] par Hokusai : The dream of the fisherman’s wife et Shunga-Masturbation-Voyeurisme ; Via Flickr en cc-by-nc-sa : Persocomholic ; Knowyourmeme

Photo de Une Marion Kotlarski, CC pour OWNI :

]]>
http://owni.fr/2011/02/14/4chan-manga-porn-hentai/feed/ 38
Y a-t-il (déjà) overdose de 3D ? http://owni.fr/2010/09/10/y-a-t-il-deja-overdose-de-3d/ http://owni.fr/2010/09/10/y-a-t-il-deja-overdose-de-3d/#comments Fri, 10 Sep 2010 10:12:26 +0000 Capucine Cousin http://owni.fr/?p=27743 Les films en 3D seraient-ils déjà condamnés ? Ou plutôt, n’y aurait-il pas overdose de productions de films exploitant ce nouveau format ? On en parle plus que jamais, à tel point qu’il commence à envahir les écrans télé, potentiellement les joujoux high-tech qui pourraient cartonner en ces fêtes de fin d’année. En tous cas c’est ce qu’espèrent les constructeurs, qui se démènent pour imposer leurs tous jeunes écrans télés 3D, les stars de la dernière édition de l’IFA, le salon de l’électronique de Berlin, qui fermait ses portes mercredi. Comme j’en parle longuement dans cette enquête parue dans Mediapart (en accès réservé aux abonnés, sorry).

“If you can’t make it good, make it 3D”…

La 3D était aussi une des stars du dernier Comic-Con de San Diego (une convention spéciale pour fans de BD), outre-Atlantique. Mais pas tout à fait de la manière attendue: elle semble bien avoir provoqué un début de polémique à Hollywood, relayée lors de ce dernier Comic-Con.

Il y a cette image, qui circule en ce moment sur le Net, un photomontage où l’on voit des lunettes bicolores pour voir en relief, et, au-dessus en flou, ce slogan qui s’affiche: “Votre film n’est vraiment pas bon ? Faites-le en 3D”. Une image parodique qui ressemble furieusement à une contre-campagne…

La 3D, pépite pour les studios

Dommage, il y a encore quelques mois, dopé par l’effet ”Avatar”, Hollywood était persuadé que le spectacle des films en 3D relancerait les entrées en salles, freinées par le home cinéma et le téléchargement. Entre parenthèses, avec un bon sens du business curieusement, en cette rentrée, James Cameron a ressorti en salles Avatar 3D en une sortie de version reloaded, avec “quelques minutes inédites”.

Mieux, pour les studios et les exploitants, cette pépite permettait de majorer les prix des tickets d’entrée. Seulement voilà, au Comic Con, plusieurs cinéastes se sont exprimés contre la 3D, demandant le retour du “plat”, approuvés par la foule, comme le relatait le New York Times| (traduction ici) , relayé par Télérama la semaine dernière.

Ce sont pourtant des représentants de la fine fleur Hollywood qui ont mené cette fronde anti-3D, raconte le NY Times: J.J. Abrams, auquel on doit 24 Heures chrono et Star Trek, Jon Favreau (Iron Man), Edgar Wright (qui vient de terminer Scott Pilgrim vs. the world, tiré d’une BD).

Prouesse technique

James Cameron a tourné son film dans les règles de l’art avec une véritable caméra à double objectif, après avoir développé avec l’ingénieur Vince Pace une gamme de caméras 3D dernier cri en haute définition, comme le raconte ce passionnant papier paru dans Le Figaro. Une prouesse technique qui rend les images d’Avatar d’autant plus bluffantes (même si on peut ne pas être fan du scenar, ce qui fut mon cas ;), et préfigure le cinéma à grand spectacle de demain. Du même coup, il a consacré – et industrialisé – la 3D au cinéma.

Au vu de son succès, plusieurs studios hollywoodiens ont choisi d’adapter, dans la précipitation, en phase de post-production, leurs films déjà tournés en 2D pour une diffusion en 3D. Erreur fatale : le rendu était loin d’être le même. Exemples: Alice au pays des merveilles de Tim Burton, Le Dernier Maître de l’air de M. Night Shyamalan, et Le Choc des Titans de Louis Leterrier. A la grande fureur de James Cameron, qui a brocardé ce dernier, un film en “2,5D, voire en 1,8D “.

Certains réalisateurs ont d’ailleurs dû lutter contre leurs producteurs pour ne pas se voir imposer la 3D: ce fut le cas de Christopher Nolan, avec son exigeant film fantastique Inception. Il a d’ailleurs exprimé à plusieurs reprises ses réserves pour tourner en 3D relief. Son film en 2D a (pourtant) cartonné en salles.

Passage trop rapide à la TV 3D ?

Du coup, les spectateurs vont-ils accepter d’adopter ce format encore balbutiant sur leur télé ? Le rendu 3D sur les télés est loin d’être parfait, avait un certain nombre d’imperfections. En vrac, comme me le citait @replikart dans un commentaire très détaillé à mon papier publié dans Mediapart, on a “une purge de la colorimétrie, une purge du contraste, une réduction drastique du piqué, un aplatissement des nuances/teintes, des problèmes de profondeur souvent liés à un mauvais ajustement en post-prod’, des angles de vision dérisoires que les dalles TN ne font qu’empirer”… Voilà pour les imperfections techniques.

Et sur la question des usages (là, c’est davantage mon rayon ;), alors que le consommateur lambda s’habitue à peine à la haute définition (HD) et au Blue-Ray, n’est-ce pas un peu tôt ? Il y a ce chiffre issu du Japon que l’on m’a cité plusieurs fois à l’IFA (“10% des utilisateurs auraient des problèmes oculaires avec la 3D”)… Sans compter les nombreux astigmates, ou personnes ayant des problèmes oculaires plus complexes (une bonne part de la population mine de rien), qui ne peuvent regarder plus de 2 heures d’un programme en 3D sans avoir mal à la tête – ou, carrément, ne peuvent voir l’effet de relief inhérent à la 3D.

Le porno aussi s'est récemment mis à la 3D

Un sacré saut technologique, où en plus le cerveau doit s’habituer à ce mode de vision. Il faudra voir si la 3D est entrée dans les foyers d’ici quelques années. Rendez-vous dans dix ans ;)

Illustrations FlickR CC : colon+right.bracket, Randy Son Of Robert

Article initialement publié sur Miscellanees.net

]]>
http://owni.fr/2010/09/10/y-a-t-il-deja-overdose-de-3d/feed/ 9
#Chatroulette : Andrey Ternovskiy, le créateur de 17 ans, s’exprime enfin http://owni.fr/2010/02/14/chatroulette-andrey-ternovskiy-le-createur-de-17-ans-temoigne/ http://owni.fr/2010/02/14/chatroulette-andrey-ternovskiy-le-createur-de-17-ans-temoigne/#comments Sat, 13 Feb 2010 22:05:13 +0000 Admin http://owni.fr/?p=8118 Pour la Saint-Valentin, la soucoupe vous offre deux merveilleux articles sur Chatroulette. Un site où, nous en sommes certains, de nombreuses idylles verront le jour.

Amour sur vous tous.

C’était le buzz de ces dernières semaines sur le web : Chatroulette, un chat vidéo aléatoire avec un internaute du monde entier. Comme à la loterie, on ignore sur qui – ou quoi – on va tomber : un être humain, une bite, sa voisine… Une socialisation trash interdite au moins de seize ans.

On ignorait jusqu’à présent l’identité de l’auteur du site. Le blog Bits, du New York Times a réussi à lever le mystère de la plus simple des façons, en envoyant un questionnaire par mail sur le site. M. Chatroulette s’appelle M. Ternovskiy, et c’est un étudiant moscovite de 17 ans. Loin des adolescents obsédés par les filles qui comptent parmi les fans de Chatroulette, le jeune homme est surtout un bel exemple de la génération Y.

Voici la traduction de ses propos :


” J’étais pas sûr de savoir si je devais dire au monde qui j’étais car je suis mineur. Maintenant, je pense que ce serait mieux de me dévoiler.

J’ai créé ce projet pour m’amuser. Au début, je n’avais pas d’objectif commercial. Je l’ai créé récemment. J’étais et je suis toujours moi-même un adolescent, c’est pour ça que je sentais ce que les autres adolescents voulaient voir sur Internet. J’aimais moi-même parler à des amis avec Skype en utilisant un micro et une webcam. Mais finalement on s’est lassé de se parler les uns les autres. J’ai donc décidé de créer un petit site pour moi et mes amis où nous pourrions nous connecter aléatoirement avec d’autres gens.

Cela n’a pas été si facile pour moi de le créer, mais je code depuis l’âge de 11 ans (grâce à mon père qui m’a amené tôt sur le web – la plupart des mes connaissances viennent de là).

Je n’ai pas fait de publicité pour mon site et je n’ai rien posté à son sujet, mais d’une façon ou d’une autre, les gens ont commencé à en parler entre eux. Et l’information s’est mise à circuler. C’est ainsi que le nombre d’utilisateurs simultanés est passé de 10 à 50 puis de 50 à 100 et ainsi de suite. À chaque fois que le nombre d’utilisateurs a augmenté, j’ai dû complètement réécrire le code, parce que mon logiciel et l’équipement ne suivaient pas. Je n’aurais jamais pensé que faire face à une charge pareille serait la part la plus difficile de mon projet.

Comme la base d’utilisateurs grandissait, les factures de bande passante et d’hébergement ont commencé à augmenter. Je suis content que mes proches m’aient aidé sur ce point en ‘investissant’ un peu d’argent dans mon idée.

Cela n’était pas une somme importante, je n’ai donc pas pu m’acheter de nouveaux serveurs, à la place j’ai dû optimiser mon code autant que possible. Je dois dire que beaucoup de gens m’ont aidé et m’aident encore quand j’ai des questions sur le code. Je leur en suis très reconnaissant. Je continue cependant à tout coder moi-même. J’aimerais partager mon travail avec quelqu’un d’autres mais je ne suis pas aux USA, et la plupart des gens intéressés sont loin de moi, car je vis à Moscou. Donc je dois encore tout faire moi-même. Mais je ne m’inquiète pas.

J’aime ce que je fais. C’est comme un jeu pour moi. Je fais des découvertes Je résous des problèmes intéressants.

Chatroulette utilise sept serveurs haut de gammes tous situés à Francfort, en Allemagne. Le débit réseau est de sept gigabits par seconde, j’utilise différentes technologies pour minimiser la consommation de bande passante. Mais beaucoup de bande passante est toujours consommée. Les montants des factures de bande passante me choquent en tant qu’adolescent mais je ne me fais pas de soucis. Je suis content que les gens manifestent de l’attention envers le projet, j’ai reçu des offres intéressantes qui pourraient certainement aider mon projet à survivre et à s’améliorer.

La publicité sur Chatroulette est gardée au minimum, car il existe de nombreux sites plein de publicité qui vous distraient de ce que vous voulez faire sur ces sites. J’aime aussi le minimalisme. C’est pourquoi je n’ai mis que quatre liens publicitaires en bas de page. Et ce qui est intéressant, c’est que ces publicités couvrent quasiment toutes les dépenses, seulement ces quatre liens en bas!

Je pense que c’est merveilleux de ne pas avoir à mettre beaucoup de publicité sur mon site pour qu’il continue de fonctionner. Je ne suis pas sûr de savoir pourquoi. Peut-être parce que Google AdSense (l’outil que j’utilise pour afficher les publicités) affiche des liens vers divers chat vidéos. Je ne pense pas que ce soit une mauvaise chose. En fait je pense même que c’est une bonne chose, car seuls les gens qui ne sont pas intéressés ou qui sont fatigués d’utiliser mon site cliquent sur ces liens, pour explorer d’autres services.

Je suis conscient que Chatroulette est populaire aux USA. C’est intéressant mais je n’ai moi-même jamais été aux USA. Pourtant la plupart des utilisateurs de mon site viennent de là. J’aimerais visiter les USA.

En fait je pense que le mieux serait que Chatroulette soit une entreprise basée aux USA. Mais c’est juste une idée.

J’ai toujours voulu que Chatroulette soit quelque chose d’international. C’est pour cela que j’ai choisi l’Allemagne pour l’hébergement, parce que c’est à mi-chemin entre la Russie et les USA. C’est aussi le centre névralgique de plusieurs réseaux européens. Je pense que c’est le bon endroit pour héberger un projet qui connecte les gens les uns avec les autres partout dans le monde.

Cependant, je prévois d’avoir bientôt d’autres serveurs dans d’autres pays. Avec ça, je vais faire des fonctionnalités plus intéressantes et plus “étranges” (au bon sens du terme) qui vont rendre mon site encore plus amusant.

Ce qui m’empêche actuellement d’ajouter d’autres fonctionnalités qui ont été suggérées par beaucoup et que j’ai eu en tête, c’est que je ne suis même pas sûr de ce qu’est Chatroulette.

Tout le monde trouve sa propre manière d’utiliser le site. Certains pensent que c’est un jeu, d’autres que c’est un monde totalement inconnu, d’autre que c’est un service de rencontre.

Je pense que c’est cool qu’un concept aussi simple puisse être utile à autant de monde. Bien que certains l’utilisent de façon pas très sympa – je suis vraiment contre ça. D’autres font des choses vraiment incroyables auxquelles je n’aurais jamais pu penser. Ils écrivent des chansons sur des étrangers et leurs chantent, les dessinent, écoutent de la musique, leur diffusent leur propre musique. Deux groupes d’adolescents peuvent faire la fête ensemble. À mon avis c’est juste super. Je suis content d’avoir fait ce projet et c’est un plaisir pour moi de travailler dessus.”

Photo : Sankt Andreas sur Flickr

]]>
http://owni.fr/2010/02/14/chatroulette-andrey-ternovskiy-le-createur-de-17-ans-temoigne/feed/ 47
Tu seras « Porn » mon fils ! http://owni.fr/2009/12/23/tu-seras-%c2%ab-porn-%c2%bb-mon-fils/ http://owni.fr/2009/12/23/tu-seras-%c2%ab-porn-%c2%bb-mon-fils/#comments Wed, 23 Dec 2009 08:06:52 +0000 Stéphane Favereaux http://owni.fr/?p=6400 181813562-copie

Symantec m’était conté, il nous dirait, d’après ses études de vendeur de solutions informatiques et de protection des petits enfants obsédés, que le mot « Porn » arrive en presque en tête de liste des recherches faites par les enfants de 7 ans et plus sur le Net. Cette délicieuse étude donnant envie de croire à l’innocence se révèle ici.

La chose est-elle surprenante ? Par chose, il convient de ne pas entendre la chose sexuelle, mais l’étude. Elle fut diligentée par Symantec, rappelons-le, éditeur de Norton entre autres… Il s’avère donc que les mineurs ont les mêmes attraits pour la chair que les vieux de la vieille. Nous savons tous à quel point le sexe a fait les grandes heures du minitel au développement duquel il a contribué, idem pour le Net, idem pour nos chers mobiles, mais de là à penser qu’à 7 ans, en CP ou en CE1, les mômes se repaissent de fesses rebondies et de choses turgescentes….

L’analyse de Symantec porte sur plus de 14 millions de requêtes sur les différents moteurs de recherches effectuées entre février et décembre 2009. Évidemment, la jeunesse mondiale s’en prend toujours à You Tube, Facebook ou My Space, M. Zukerberg peut dormir sur ses parts de marchés, mais pour la cible des 8 à 12 ans, voire pour les moins de 7 ans… les hormones sociales les amènent notablement vers « sexe » et « porn » qui arrivent en quatrième place. (Carré blanc)… Les cartoons arrivant derrière « porn », il ne reste qu’un pas à franchir avant le Hentaï !

Il va de soi qu’il nous faut relativiser ces chiffres à faire frémir les parents et à leur faire regretter leur box, ou les jésuites, quoique nous ne soyons pas sûrs pour ces derniers.

Cette étude enregistre à l’évidence les requêtes et les recherches attentionnées des parents tout autant que celle des mômes pornocrates. Les logiciels édités par Symantec n’ont pas dû être systématiquement désactivés, ou alors OnLineFamily s’avère être une sacrée passoire permissive. De fait, cette délicate étude faisant des enfants des admirateurs de Priape et autres contenus à la morale douteuse doit être prise avec les pincettes de circonstance. L’objectivité n’est pas nécessairement le fort de Symantec ou de tout autre éditeur de logiciel de protection parentale. Il ne faut pas pour autant mettre en doute leur parole, mais il convient de ne pas être bercé d’angélisme ou d’effroi face à ces chiffres.

De fait, soit Symantec pond son étude pour vanter les mérites de son logiciel et prouver l’utilité de la chose pour protéger les enfants, soit les parents sont irresponsables en termes de surveillance de leur progéniture sur le Net, soit les gamins sont réellement d’irrécupérables parangons de perversion juvénile…

Il doit bien exister d’autres façons d’expliquer à ses enfants la sexualité /-) !!

]]>
http://owni.fr/2009/12/23/tu-seras-%c2%ab-porn-%c2%bb-mon-fils/feed/ 3