[visu] En 2012, Internet n’existe pas

Visualiser en un coup d’œil les propositions des candidats sur le numérique. C'est ce que OWNI vous propose en ce week-end électoral. L'occasion de faire le bilan de cette campagne pas très net. En marge des coups de com' et effets d'annonce, petites phrases gentilles sur les générations numérisées et grandes vérités sur la société de l'information, question projets et propositions, pas grand chose.

Cette fois, c’était la bonne. En 2012, la campagne se jouerait sur Internet. Les politiques étaient formés. Les Français, prêts et connectés. Les équipes de communication itou. On allait voir ce qu’on allait voir !

En fait, on a rien vu. De pichrocholines polémiques en guéguerre de communication. Retour sur une campagne définitivement pas très net, comme le détaille la grande infographie au bas de cet article.

Côté com’, on a mené la danse. Les multiples conseillers et expert ès ”social media”, depuis longtemps dans les starting-blocks, ont tenu leur promesse. La presse s’est vu inondée de leurs analyses sur le rôle de Facebook ou de Twitter dans la campagne présidentielle. A grands renforts de chiffres recensant les nombre de “fans” et de “followers”, d’études comparatives et de diagrammes analytiques des “buzzs”.

Une campagne pas très net

Une campagne pas très net

Après Facebook, Twitter. Accusée ce week-end d'avoir censuré des comptes parodiant le président sortant, l'équipe de ...

L’intérêt médiatique s’est révélé si conséquent qu’il s’est même attardé sur la communication portant… sur la communication elle-même. Facebook suspecté de courir pour Nicolas Sarkozy, Twitter fermant certains comptes parodiant ce même candidat : l’e-boucle était bouclée, les équipes de campagne de chaque parti passant un temps fou à communiquer sur leurs pratiques et celles de leurs petits camarades.

Ainsi fond fond fond

Au final, du bruit sur du bruit. Qui n’a pas apporté grand chose au Net lui-même. Car sur le front du fond, le débat n’a pas été très réjouissant. Le numérique a quasiment été inexistant dans les médias généralistes. Même Libé, dans sa une consacrée aux grands dossiers oubliés de la campagne a laissé Internet sur le bord de la route.

Dans une analyse datée de ce jour, le think tank Renaissance Numérique estime qu’Internet “ne représente que 5% des contenus [...] mentionnant les candidats à la présidentielle” en ligne, ajoutant “qu’il n’est quasiment abordé que pour parler de culture ou de réseaux sociaux (80% des contenus relatifs au numérique).”

Il est vrai qu’en dehors du Net envisagé comme pur support de com’, c’est l’affrontement – ou l’étrange florette – des politiques et lobbys culturels qui ont occupé les journalistes chargés de comprendre le sacro-saint “après-Hadopi”. En dehors de ces clous, seule la pénalisation de la consultation des sites terroristes, portée par le candidat-président au sortir de l’affaire Merah, a vaguement pu atteindre les foyers français. L’occasion pour le président-candidat de rappeler son approche sécuritaire du réseau, qu’on croyait oubliée depuis l’abandon des velléités d’“Internet civilisé” et les multiples “je vous ai compris” distribuée en 2012 à l’e-public. Bref, rien de très nouveau sous le soleil et les bits.

Loin d’être en tête des fameuses “préoccupations des Français”, Internet, ou le numérique, n’est pas un investissement rentable dans une campagne électorale. Et surtout sur le fond. Le fait qu’une Eva Joly s’affiche avec l’un des gourous du logiciel libre n’a sans doute pas impacté ses intentions de vote. Et Jean-Luc Mélenchon a beau haranguer les foules à la Bastille en chevrotant “il ne sera plus jamais permis de faire Hadopi”, le candidat du Front de Gauche s’emportait facilement dès qu’il s’agissait d’entrer dans le détail.

Zone à risques

Car en plus d’être peu porteur, Internet est aussi labellisée zone à risques. Si peu d’électeurs semblent conditionner leur vote au positionnement numérique des candidats, ceux qui prêtent attention à la thématique sont exigeants. En maîtrisent la complexité : les méandres des conditions de diffusion d’une œuvre sur Internet, l’historique des dispositions législatives visant le réseau, l’avancement de la couverture haut et très haut débits en France.

Une exigence qui fait peur : la moindre déclaration est passée à la moulinette et la moindre erreur repérée, analysée, contextualisée. Une difficulté supplémentaire pour des présidentiables déjà peu acculturés au sujet, qui peut rapidement se retourner contre eux, et “faire le buzz” d’un jour ou d’une semaine sur les réseaux.

En cette fin de campagne, aucun des candidats n’incarne pleinement les aspirations d’une “communauté Internet” balbutiante en France. Leurs équipes, pourtant, ont pour la plupart fourni un travail conséquent. A droite comme à gauche : la compétence ou l’enthousiasme des exécutants n’est pas déterminée par l’appartenance politique.

OWNI a visualisé les prises de positions numériques de celles et ceux qui se présentent à votre suffrage ce dimanche. Sans prétention à l’exhaustivité, mais en mettant en avant les thématiques qui ont suscité quelques clivages. En balayant large, mais sans s’aventurer sur l’éducation ou la santé, sur lesquelles les propositions sont trop disparates et complexe pour être résumer à un simple “pour/contre”.

L’occasion de jeter un dernier coup d’œil éclairé aux propositions des candidats, dont vous trouverez le détail en survolant l’image (cliquez dessus pour la visualiser en grand format) :


Illustrations CC Loguy

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